Mathew Cape a toujours aimé organiser de grands dîners chez lui, sur Beachwood drive. “Pour trouver de bons produits, il fallait que je me rende dans cinq boutiques différentes, ça me prenait l’après-midi.” Le Français de 38 ans a alors l’idée de regrouper les meilleures denrées dans un lieu unique où l’on pourrait aussi boire un verre entre deux courses.
De cette idée est né Le Petit Marché, son concept de restaurant de quartier-bar-épicerie, ouvert depuis le 17 septembre dans le quartier de Larchmont, à Los Angeles. “J’ai rassemblé tous les meilleurs artisans (en majorité français) de Los Angeles sous la même enseigne”, souligne-t-il, précisant proposer le café de Verve Coffee, le pain de Michelina, les viennoiseries de La Chouquette, les meilleurs produits d’épicerie fine de Monsieur Marcel, les viandes et charcuteries de Gwen Butcher Shop, “un Australien qui se rapproche le plus de ce qui se fait en France”. Quant au vin, exposé dans une vaste cave murale, il est sélectionné chez Lou Wine Shop, qui était auparavant dans ce quartier. Une sorte de Eataly à la française, à une plus petite échelle.
Du petit-déjeuner aux cocktails
Dans ce lieu imaginé par Mathew Cape, au décor industriel ponctué de détails bleu et blanc “pour rappeler la Méditerranée”, les clients viennent faire leurs courses, prendre leur petit-déjeuner, luncher à la va-vite, dîner ou boire un verre entre amis. Un immense bar est au centre du local : “le quartier n’en avait pas. Là, le mixologue Chris Kramer concocte des cocktails de folie”, s’enthousiasme Mathew Cape qui s’est associé avec Spoon Singh, également propriétaire de Venice Ale House. Pour épater les palais, il a fait appel au chef Stephane Liot, qui a élaboré un menu mélangeant des mets français classiques comme le steak-frites, le croque-monsieur ou les moules-frites, aux influences californiennes avec notamment des propositions végétariennes (ratatouille, salade de lentilles…).
“Pour l’instant, nous proposons une carte réduite pour le soir. Mais dès novembre, il y aura un menu complet, servi à table”, détaille Mathew Cape. Les locataires de l’immeuble, au rez-de-chaussée duquel se trouve le restaurant, peuvent également profiter de la carte comme d’un room service. “Nous sommes l’extension de leur salon”, assure-t-il. Une extension de plus de 300 m2, offrant 132 places assises.
Mathew Cape n’en est pas à son coup d’essai. Depuis son installation en 1998 à Los Angeles pour tourner la série “Passions”, cet acteur a déjà co-lancé le restaurant italien Vinolio avec les célèbres frères Houston -qui ont créé les speak-easy No Vacancy et Good Times at Davey Wayne’s – il y a 10 ans, avant de se retirer. Puis, il a eu l’idée de faire un restaurant pour se sentir comme à la maison : le Larchmont, ouvert en 2013. “J’ai tout perdu, et j’ai dû le vendre car une employée m’a poursuivi -elle lui réclamait 500.000 dollars-“, regrette Mathew Cape. “C’était des endroits à succès, mais ils ont été tués par le système.” De ce restaurant, aujourd’hui fermé, il voyait l’immeuble d’en face se construire, avec son angle parfait entre Melrose avenue et El Centro avenue. Un lieu idéal pour ouvrir Le Petit Marché.
Un acteur passionné de bons plats
“Le cinéma m’a permis d’investir dans l’hospitalité”, argue le Français, qui après des années à interpréter l’amoureux français joue davantage les méchants dans les films. Passionné par “la musique, le vin et la bonne bouffe”, il aimerait tourner davantage pour investir. Car ce projet, qui a mis quatre ans à aboutir en raison de lourds travaux (les lieux étaient nus), lui a coûté plus cher que prévu. “Nous avions budgété un investissement de 1,4 millions de dollars, mais cela nous a coûté 2,6 millions”, souligne l’acteur, qui regrette d’avoir parfois trop délégué.
Malgré les difficultés, il croit fort en ce concept, et a déjà déposé la marque Le Petit Marché aux Etats-Unis. Mathew Cape aspire ainsi à développer LPM, des espaces de moins de 100 m2 dans des bureaux ou des “strips”, qui seraient alimentés par la cuisine du restaurant de Larchmont. “J’aimerais en avoir une dizaine à Los Angeles, et un autre plus grand que le Petit Marché à Pasadena ou Downtown”, ambitionne l’acteur, dont l’objectif à long-terme est d’avoir un concept similaire dans chaque grande ville américaine. “Une fois qu’il sera éprouvé, je n’aurai plus à investir.” Et c’est de bon augure : le brunch a attiré plus de 500 personnes dimanche dernier, et les investisseurs commencent à se faire connaître.