« Ce qui a rendu les choses plus facile, c’était notre petit groupe d’amis », se rappelle Pauline Mouhanna Karroum. Quand elle débarque dans le Midwest en 2011, la journaliste franco-libanaise ne s’attendait pas à vivre dans une ville paumée de l’Amérique, Springfield dans l’Illinois, elle qui a toujours vécue dans une capitale, d’abord à Beyrouth, d’où elle est originaire, puis à Paris, où elle s’est sentie chez elle, pendant ses études.
Dans son premier roman “Elle habitait à Sandwich” publié aux éditions Panthéon en 2020, elle raconte l’histoire d’une Franco-libanaise qui arrive dans la ville de Sandwich, dans le Midwest, et questionne sa vie d’immigrée. L’histoire s’inspire de sa vie, mais pas seulement. « Thérèse, mon héroïne, est tiraillée entre Beyrouth et sa vie dans le Midwest, c’est une nostalgie qui reste, et je voulais montrer comment elle vivait cette nostalgie », décrit l’auteure, soulignant que « le fait de quitter son pays a un poids sur la vie quotidienne ».
Les questions que se pose l’héroïne sont aussi celles qui ont ponctué les années d’immigration de l’auteure: « elle s’interroge sur les raisons de son émigration et se demande si elle a fait les bons choix en suivant son mari aux États-Unis, dix ans auparavant ». « Je veux que les migrantes sachent à quoi s’attendre aux Etats-Unis », explique-t-elle. Elle a l’impression que son vécu n’est pas la vie idéalisée que l’on peut avoir avant d’arriver, surtout lorsque l’on pose ses valises dans une ville où le rythme n’est pas celui d’une capitale, où “il faut attendre 45 minutes pour prendre un bus si l’on n’a pas de voiture”.
Alors que Pauline Mouhanna Karroum met sa carrière entre parenthèse après avoir suivi son mari, elle élève ses deux enfants, nés aux Etats-Unis. « On s’est finalement habitué à notre petite vie calme à Springfield, mais ce qui a rendu notre vie plus intéressante, c’est la naissance de ma fille et puis, deux ans après, de mon fils », explique-t-elle. Avec leurs arrivées dans sa vie, la Franco-libanaise se rend compte qu’elle veut raconter à ses enfants leur parcours de couple, du Liban aux Etats-Unis. « Le livre, c’est l’occasion de rendre hommage à mon pays d’origine », souligne-t-elle. « On ne pensait pas rester aux Etats-Unis, nous étions plus à l’aise en France », lance-t-elle. Mais les voilà 10 ans après, toujours au pays de l’Oncle Sam.
Depuis quatre ans, la famille s’est installée à Washington DC, une ville qui l’intéressait depuis plusieurs années, après y être passé pendant un congrès. « J’avais vraiment envie d’habiter à Washington, j’étais donc très contente que mon mari trouve un emploi ici », confie-t-elle, ajoutant qu’elle n’est « jamais tombée amoureuse de New York par exemple ». « Le côté grande ville de Washington avec le calme d’une petite ville m’a tout de suite plu“, avoue-t-elle.
En parallèle de la publication de son livre, Pauline Mouhanna donne des cours de français à l’Alliance française de Washington DC et a commencé à écrire pour Jeune Afrique et Inside Arabia. Une vie qui lui convient mieux.
Le 26 juin prochain, Jennifer Fulton, la libraire de Bonjour Books DC, a invité la journaliste à venir présenter son livre qui fait écho à la vie de nombreuses francophones à Washington.