La France perd l’un de ses plus grands admirateurs et ambassadeurs américains. Paul Auster est mort chez lui, à Brooklyn, dans la nuit du mardi 30 avril de complications d’un cancer du poumon. Il avait 77 ans.
Né à Newark (New Jersey), l’auteur était indissociable de New York, décor de nombre de ses romans (sa Trilogie new-yorkaise, Brooklyn Follies…) mais il faisait aussi partie du patrimoine français. En effet, l’Américain considérait la France comme son « deuxième pays ». Il l’avait découvert tôt, à l’université Columbia, où il avait étudié les littératures française, italienne et britannique. Il vécut à Paris de 1971 et 1975, période pendant laquelle il traduisit des poètes français comme Stéphane Mallarmé et Jean-Paul Sartre dans le cadre d’une petite maison d’édition indépendante qu’il avait lancée et exerça différents petits boulots pour vivre. Il fut notamment opérateur téléphonique au bureau parisien du New York Times.
Plus tard, comme écrivain, il devint aux yeux des Français le visage de la Grosse Pomme. En 2007, New York Magazine nota sa popularité de l’autre côté de l’Atlantique. « La première chose que l’on entend à une lecture d’Auster, partout dans le monde, c’est le français. Simple auteur à succès dans nos contrées, Auster est une rock star à Paris. Il fait l’objet de livres illustrés – l’un d’eux, intitulé New York de Paul Auster, contient des photos de lieux tirés des romans du maître – considéré comme un ambassadeur officiel de la New Yorkité, aux côtés de Woody Allen ».
En 2007, le ministère de la Culture l’a nommé Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres. Il a aussi reçu le Prix Médicis Étranger pour Leviathan, l’histoire d’un écrivain qui trouve accidentellement la mort dans l’explosion d’une bombe qu’il a fabriquée. « Paul Auster était plus qu’un ami de la France, un amoureux de sa culture, a déclaré la ministre de la Culture, Rachida Dati, mercredi 1er mai. La culture française perd un grand passeur. »
Conseiller culturel de la France aux États-Unis et directeur de la Villa Albertine, Mohamed Bouabdallah s’est dit « attristé » par cette disparition. « La profondeur poétique des romans d’Auster et ses récits complexes ont touché une corde sensible dans l’âme française », a-t-il écrit sur X.
Fondatrice du réseau Rencontre des Auteurs francophones fondé à New York, Sandrine Mehrez-Kukurudz raconte qu’un « nombre incroyable de photos » de Paul Auster ont été re-postées ces dernières heures par ses membres en hommage à l’écrivain disparu. « Il n’y a pas que sur les lecteurs qu’il a eu un impact. Il était aussi une source d’inspiration pour les auteurs ». Lectrice de sa Trilogie new-yorkaise, elle s’est dite « marquée » dans sa jeunesse par l’œuvre du New-Yorkais. « On perd un ambassadeur naturel de la francophonie, de par son histoire, son amour pour la France. Il n’est pas le seul nom qui incarne la francophonie aux États-Unis, mais il est le premier auquel on pense ».