“Parfois des gens viennent au spectacle parce qu’ils ont vu mon nom, en pensant qu’ils vont bien rire… Ce qui est formidable, c’est qu’ils sont surpris, découvrent l’émotion, pleurent même parfois, mais ils me disent après qu’ils ont adoré”. Avec “Le Livre de ma mère”, tiré du livre d’Albert Cohen, Patrick Timsit a choisi un registre qui n’est décidément pas celui de ses one man shows. Il est cette semaine à New York pour deux représentations exceptionnelles au FIAF (les 29 et 30 janvier).
Après près de 3 ans de tournée en France -et de succès critique et d’audience-, il vit ses dernières représentations (il sera à Los Angeles après New York les 31 janvier et 1er février) avant de passer à autre chose. En attendant, le comédien profite de quelques jours en famille à New York. Il a répondu à nos questions entre shopping et une partie de bowling “qui sera bien sûr le moment fort de ce voyage”, dit-il en souriant. Le comique n’est jamais bien loin, mais “Le Livre de ma mère” n’est pourtant pas le premier spectacle “dramatique” qu’il joue (il y eut “Inconnu à cette adresse” avec Thierry Lhermitte ou “Les derniers jours de Stephen Zweig” avec Elsa Zylberstein au théâtre, ou “Le Cousin”, notamment au cinéma). “Dans tous les cas, dit-il, je ne me dis pas ‘il faut que je fasse un drame’. C’est toujours le projet qui décide. Est-ce que le texte, la pièce, le sujet m’intéressent?” En l’occurrence, le projet a 30 ans. Timsit a découvert le livre d’Albert Cohen dans un atelier de théâtre. “J’en avais joué des scènes, que je gardais en mémoire, comme la première phrase, célèbre: ‘Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte’”.
Il attendait, dit-il, la maturité de pouvoir jouer ce texte; la maturité d’acteur, “d’oser ne rien faire, laisser l’émotion jouer sans tomber dans le pathos”. La critique en France a salué la performance d’acteur, et la sobriété justement, de Patrick Timsit face à un texte si fort en émotions. De phrases comme : “Fils des mères encore vivante, n’oubliez plus que vos mères sont mortelles… Je n’aurai pas écrit tout cela en vain si l’un de vous ce soir après avoir écouté mon chant de mort est plus doux avec sa mère…” Après ça, dit Patrick Timsit, “en général, ceux qui ont la chance de l’avoir encore, appellent leur mère en sortant du spectacle…”
La question était évidente: “comment a réagi votre mère à vous?” “Je lui avais interdit de venir à la première parisienne, répond l’acteur. Ca m’aurait gêné de la savoir là. Mais elle est venue quand même en cachette. Elle a été évidemment submergée par l’émotion”. Le texte de Cohen n’est pas seulement un hommage à la mère il est aussi -surtout- une longue indignation contre la mort. “En le concevant, avec le metteur en scène Dominique Pitoiset, on s’est rendu compte que c’était en fait un spectacle de deuil”. Fasse à la gravité du sujet, le seul parti pris possible était “celui de la simplicité. Je ne cherche pas à faire pleurer, simplement à faire vivre un texte magnifique”.
Si les spectacles de one-man-show sont forcément partiellement autobiographiques, “il faut avoir des codes pour le comprendre; dans ce spectacle c’est différent: le sujet est tel qu’on se livre forcément. Notre choix de mise en scène permet la confession. Et finalement, on a peu d’occasion de se livrer totalement d’une façon pudique!”.
Au FIAF, mercredi 29 janvier et jeudi 30 janvier. La performance sera suivie d’un “meet and greet” avec Patrick Timsit le mercredi et d’un Q&A jeudi.