Elle sera la star de l’US Open qui s’ouvre ce lundi à New York. Le monde du tennis a les yeux rivés sur Serena Williams: parviendra-t-elle à remporter le grand Chelem, après ses victoires à Melbourne, Roland-Garros et Wimbledon cette année?
Dans les tribunes, comme toujours, le clan Williams, autour du père Richard, mais aussi un “Frenchy” qui joue un rôle majeur dans la carrière de la joueuse: l’entraîneur Patrick Mouratoglou. Propriétaire d’une académie de tennis en France, il est aux côtés de Serena Williams depuis trois ans et est largement considéré, y-compris par la joueuse elle-même, comme l’artisan du rebond de sa deuxième partie de carrière qui l’a vue reprendre, à plus de 30 ans, la place de numéro un mondiale qu’elle avait perdue (elle était 5ème lorsque son association avec Mouratoglou a commencé).
“Il faut prendre le pouvoir”
A tous ceux qu’il croise cette semaine a New York, comme dans les interviews qu’il donne à la presse sportive américaine, Patrick Mouratoglou se dit “plus que confiant” de la capacité de sa protégée à entrer dans l’histoire du tennis en égalant le score de Steffi Graf (détentrice du dernier Grand Chelem “calendaire” – c’est-à-dire réalisé dans une même année, en 1988). Quand votre métier est d’insuffler la confiance mieux vaut ne pas trop douter, de soi-même notamment.
Ca tombe bien, Patrick Mouratoglou n’est pas dans la catégorie des faux modestes. Ce qui compte dans le rapport avec un joueur ou joueuse, explique-t-il dans son autobiographie parue au printemps dernier (“Le Coach”, editions Arthaud), “c’est de prendre le pouvoir, d’imposer le respect, dès le début” . Avec Serena Williams, la mise au pas d’une championne habituée à régenter son monde a produit des résultats, très vite. Elle est venue le voir alors qu’elle venait de se faire sortir de Roland-Garros au premier tour, en 2012. Trois semaines après, elle gagnait Wimbledon.
Depuis le palmarès de la championne est passé de 13 tournois du grand Chelem à 21. Elle a remporté un deuxième Grand Chelem sur deux ans (2014-2015, elle l’avait déjà fait en 2002-2003). Elle est surtout en route, si elle gagne l’US Open, pour un très rare Grand Chelem “calendaire”: les quatre tournois majeurs mondiaux dans la même année. Serena Williams est la première à reconnaître le rôle de son coach dans ses récents exploits. “Travailler avec Patrick m’a beaucoup aidé et m’a permis d’atteindre cette constance, d’avoir de nouveaux buts; de changer certains aspects de mon jeu et simplement d’être meilleure sur toutes les surfaces et dans tous les matches” confiait-elle jeudi lors de la conférence de presse d’avant tournois.
“Bannir ses émotions”
Les joueurs et joueuses que Patrick Mouratoglou a entraîné avant n’incluent aucun grand nom pourtant, mais il s’était fait connaître par des progressions fulgurantes, amenant des joueurs des profondeurs du classement aux hauts des tableaux, tel le Chypriote Marcos Baghdatis, ou la Française Aravane Rezaï.
Mais depuis 2012 pas question de coacher un autre joueur. Serena Williams est du genre possessif; sa soif de compétition et son désir de gagner sont uniques. Même contre sa soeur Venus: alors que le clan Williams assiste toujours groupé aux matches entre les deux soeurs, Serena Williams a demandé à son coach de se mettre à part, façon de l’avoir pour elle seule.
La relation coach-joueuse est forcément fusionnelle. Des rumeurs -renforcées par des photos de paparazzi- en ont tiré la conclusion que leur relation était plus que professionnelle et amicale. De cela les deux ont toujours refusé de parler (depuis d’autres rumeurs mentionnant d’autres “boyfriends” sont apparues). En revanche le coach ne manque pas une occasion de donner son avis sur la place des émotions dans son métier: à bannir. “En tant aue coach, l’émotion est dangereuse (…) il faut apprendre à ne prendre de décisions sous son contrôle” explique-t-il par exemple dans une vidéo récente. Son rôle: absorber les émotions de la joueuse au point de lui devenir essentiel. A l’entraînement, Serena a même pris l’habitude de ne plus frapper une balle si Patrick ne la regarde pas, tant elle a besoin de son avis.
Serena Williams se met au français
A 33 ans, Serena Williams ne s’impose plus un rythme d’entraînement aussi intense que par le passé, mais elle est toujours d’une aussi grande rigueur: deux heures de tennis tous les matins, puis la musculation, puis le yoga, qu’elle pratique très abondamment. Bosseuse sur le terrain, elle l’est aussi en dehors, notamment dans sa soif d’apprendre de nouvelles choses. Le français, par exemple, dont elle ne parlait pas un mot il y a deux ans. Elle a décidé de s’y mettre, a bossé sur son Ipad et elle peut désormais faire ses discours de victoire à Roland-Garros en français.
Et le français est devenu une langue de plus en plus parlée dans l’entourage de la championne. Après Mouratoglou, est arrivé Fabien Paget, jeune agent de joueurs, 32 ans. Il s’occupe des intérêts de Serena Williams en dehors des Etats-Unis. Et récemment un kiné, lui aussi français, est arrivé. A Flushing Meadows, les encouragements venus de la “loge Williams” auront décidément un accent français.