« Cette élection se résume ainsi : j’ai le choix entre me tirer une balle dans le pied ou une balle dans la tête. Eh bien je choisis la balle dans le pied, au moins il m’en restera un autre. » Voici comment Pascal Roger, coiffeur français installé à Philadelphie depuis 1992, perçoit le scrutin présidentiel du 6 novembre. Pessimiste, mais sûr de son choix…
La « balle dans le pied », c’est l’option Obama. Celle qu’il choisit tout en ayant le sentiment qu’elle n’arrangera pas ses problèmes : ceux d’un businessman à la tête d’une petite entreprise, le salon de coiffure VOG ouvert en 1992 à Philadelphie; ceux d’un homme ayant le sentiment de faire partie d’une classe moyenne américaine en souffrance.
« La situation financière est telle que du côté démocrate comme du côté républicain, ils n’auront d’autre option que d’augmenter les taxes sur la classe moyenne. Aujourd’hui, aux Etats-Unis, il faut être très riche ou très pauvre pour s’en sortir, au milieu, c’est très difficile », juge-t-il, précisant qu’il est imposé à 30% de ses revenus, sans compter des taxes locales additionnelles et le poids d’autres dépenses que connaissent tous les travailleurs indépendants, telle que l’assurance santé.
Il estime d’ailleurs que la réforme de la santé initiée par Barack Obama ne joue absolument pas en la faveur des chefs de petites entreprises. « Elle va m’obliger à payer des assurances hors de prix à mes salariés », note-t-il. La promesse de mieux encadrer le marché pour que les Américains disposent d’assurances à tous les prix ? Il n’y croit pas. « Si on laisse le privé en charge, il ne faut pas s’attendre à avoir des prix abordables, leur but est de faire de l’argent… J’aurais aimé un système à la française, où l’Etat est l’assureur. »
Mais malgré ses inquiétudes, le vote de Pascal Roger a toujours été démocrate et le restera en 2012. « J’ai écouté ce que Mitt Romney disait : c’est de la politique version Hollywood, de jolies histoires. Je n’ai pas compris ce qu’il proposait de concret pour créer de l’emploi. Et puis il ne veut pas réduire le budget de l’armée, c’est fou, nous n’avons pas besoin d’une structure de cette taille ! »
Pascal Roger n’a pas toujours eu ce ton passionné pour parler politique. Il obtient le droit de vote en même temps que sa nationalité américaine, en 1996, quelques années après son mariage avec une Américaine originaire de Virginie, rencontrée sur le Vieux continent. « J’ai demandé la nationalité quand nous avons eu des enfants, ça me semblait important », note-t-il. A l’époque Bill Clinton est président et cela lui va parfaitement.
Ca ne va plus du tout en revanche quand George W. Bush est élu. « J’étais horripilé, j’ai commencé à regarder la politique de plus près », d’autant plus qu’il souffre beaucoup de cette présidence en tant que Français. « Quand la France a décidé de ne pas partir en guerre avec les Etats-Unis, mon salon a été boycotté », explique-t-il, encore attristé. Mais jamais il n’a songé à quitter le pays, « Ah non ! Ca ne me dérange pas de batailler ; et puis j’estimais que la France avait raison ». Il passe donc huit ans à serrer les dents. Jusqu’en 2008. Pascal Roger ne le cache pas : cette année-là, il a été conquis par la personnalité et le message d’espoir de Barack Obama. Alors quatre ans après, même si tout n’est pas parfait, il veut lui accorder plus de temps. Encore quatre ans.
0 Responses
Et que pense votre boulanger?
En outre, si il est taxé à 30% (en supposant que c’est son taux marginal), c’est qu’il a un revenu imposable de plus de $200,000… Comme “classe moyenne”, on fait mieux…
Ces Français qui quittent leur pays et veulent reproduire le modèle français dans leur pays d’accueil…
Je vote Obama parce que l’idée d’avoir les Talibans Romney/Ryan au pouvoir me terrorise littéralement.