Croquer Paris tout en rendant hommage aux couvertures du célèbre hebdomadaire new-yorkais, voici le pari que se sont lancé deux jeunes illustrateurs français, Aurélie Pollet et Michael Prigent.
Les deux complices ont rassemblé autour d’eux une centaine de dessinateurs. Chaque artiste a eu carte blanche, invité avec son propre univers à exprimer une image de Paris, vécue ou rêvée. Ils ont ainsi inventé « leur » couverture d’un magazine imaginaire, « The Parisianer », en partageant chacun une version originale de la capitale française.
« On avait envie de faire un grand projet, rassemblant les talents émergents de l’illustration. Nous les avons accompagnés pour éviter des répétitions dans les thèmes abordés. Nous leur avons demandé un croquis préparatoire pour être sûrs qu’ils traiteraient leur image avec finesse, et ne répondraient pas par des clichés. L’idée était de dévoiler un Paris subjectif, qui surprenne, mais fasse complètement sens pour le spectateur» raconte Michael Prigent.
Tout y est : le métro, les pigeons, les graffitis, la Tour Eiffel, les Parisiens grognons, les parapluies. Virginie Morgand, une des illustratrices, qui a imaginé une foule dans le métro pour sa couverture, raconte : « J’aime le côté labyrinthique des métros. Même si des gens se croisent en l’espace de quelques secondes, il y a toujours pour moi des interactions entre eux, des actes manqués, des regards. C’est ce qui fait Paris. J’utilise souvent la technique de la sérigraphie dans mes projets, j’ai voulu gardé un univers très coloré même dans un décor qui peut paraître gris”.
A l’aide d’un site de crowdfunding, Michael Prigent et Aurélie Pollet ont levé les fonds nécessaires à l’édition d’un ouvrage unique. Un livre rassemblant ces dessins est sorti ce vendredi 14 mars en France, tiré à 700 exemplaires, une co-édition entre La Lettre P, les créateurs du concept, et les Éditions Michel Lagarde.
On y découvre un Parisien enfermé dans une boule à neige, une colonne de Buren découpée tel un arbre, la tour Eiffel est tour à tour électrique ou sculptée en allumettes, le métro se transforme en piscine ou encore les danseuses du Moulin Rouge portent des coiffes directement inspirées de Marge Simpson. En feuilletant les 96 pages illustrées, on re-découvre un Paris avec un regard curieux et décalé.
Un projet de longue date qui prend vie pour Michael Prigent et Aurélie Pollet : « Les couvertures du New Yorker sont une référence en tant qu’illustrateur. D’un point de vue éditorial, c’est un magazine qui a offert sa plus belle et importante page à l’illustration, et ce, depuis près d’un siècle. Leur sélection est très exigeante, les images sont toutes justes, fortes, inspirantes, touchantes. Elles expriment parfaitement la ville, un détail au coeur du tumulte. La France y a été à l’honneur, avec des dessinateurs tels que Sempé ou Loustal ».
Outre la sortie de l’ouvrage, une exposition a déjà eu lieu à Paris, à la Cité internationale des Arts en décembre dernier. Objectif aujourd’hui: continuer à faire vivre cette aventure. « Nous sommes en train d’imaginer la suite. Faire voyager le projet, montrer ces images à un public international, organiser des expos à l’étranger, aux Etats unis, en Asie ».