Ses formations rocheuses désertiques et lunaires, donnent au parc national de Badlands l’air d’être suspendu dans un autre espace spatio-temporel. À mille lieues de l’agitation du monde moderne. Rien ne semble se passer dans cet espace situé dans le sud-ouest du Dakota du Sud, au milieu de nulle part. On dirait que le temps s’est arrêté au-dessus de la mer de collines acérées et multicolores et des vastes prairies herbeuses.
Pourtant, derrière ce calme et cette façade d’immobilité, il y a une longue histoire mouvementée. Elle se raconte dans ses richesses géologiques, mais également en remontant dans le temps : un passé marqué par une guerre territoriale sur fond de promesses bafouées et d’usurpation. Voyageurs, préparez-vous : une visite du parc national de Badlands ne laisse pas indifférent et ses paysages sont aussi déroutants et émouvants que l’est son histoire, si singulière et à la fois si représentative de la destinée de cette région.
➤ Parc accessible toute l’année.
➤ Entrée 30 US$ par véhicule.
➤ Toutes les informations sur le site du parc national.
Comme presque toujours, l’histoire de ce parc commence il y a des millions d’années, à l’époque du Crétacé où une mer peu profonde recouvre la région. Une épopée de formations sédimentaires érige des reliefs rocheux qui, une fois l’eau retirée, sont mis à nu. Mais ici, les roches friables sont drastiquement mises à mal par l’érosion. Les couches de grès, de sable ou d’ocre sont creusées, grignotées par le vent et la pluie pour former des canyons, des collines aux aires de mesas du Far West et des colonnes rocheuses aux contours déchiquetés. Tantôt pales, tantôt multicolores mais toujours un peu lunaires.
Si la rapidité d’érosion de ce parc est la responsable de ses reliefs ciselés et spectaculaires, c’est aussi la cause de sa durée de vie bien inférieure aux autres parcs nationaux. Bien sûr, à notre échelle, cela ne change rien, mais ce parc nous rappelle qu’il est une force de la nature.
Une histoire mouvementée
Une nature que l’homme a souvent essayé de maitriser avec plus ou moins de succès. Ce sont les natifs Américains qui s’y installent d’abord saisonnièrement pour chasser le bison. Pendant des milliers d’années, ils fréquentent seuls la région avant d’être amenés à côtoyer pacifiquement les trappeurs franco-canadiens, venus faire commerce dans la région. À cette époque, le parc est surtout connu pour ses richesses planétologiques qui font parler de lui dans tout le pays. On vient de loin pour voir son importante concentration de fossiles qui balaye une grande partie de la fresque historique de ce parc avec des espèces emprisonnées depuis le Crétacé aussi bien que des bouts de vie de l’époque de la chasse au bison. Mais on y vient en petit nombre. Jusqu’à ce que la découverte d’or dans la région vienne semer la zizanie.
Plus loin, notamment dans toute la zone des Black Hills (un peu plus à l’Ouest), les blancs commencent à affluer dès 1874. La ruée va priver les natifs de leurs terres natales et les faire atterrir dans des réserves. En 1889, les Lakotas Oglalas (qui se sont séparés des autres Sioux Lakotas), sont parqués dans la réserve des Pine Ridge Reservation. La réserve occupe une grande partie de la région sud de l’État, dont le secteur sud du parc de Badlands. Ce territoire accordé aux Lakotas en échange de leur liberté leur est finalement partiellement retiré par le gouvernement américain qui s’en sert pour des essais de tirs et de bombardements pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Cette terre sera rendue à la tribu des Oglalas Lakotas mais pas vraiment complètement, les Américains ont d’autres projets.
Après la guerre, le département d’agriculture tente d’attirer les pionniers dans la région. Publicité mensongère à l’appui, elle vend cette région comme une terre fertile et pleine de promesses. Quelques-uns arrivent tant bien que mal à s’y installer mais les vagues de sautelles et des tempêtes de sable ont raison de leurs récoltes. Finalement, le destin de cette région très particulière est scellé. Elle est mise sous la tutelle de l’État et préservée, d’abord en tant que monument national en 1929, puis, parc comme national en 1978.
La création du parc national de Badlands : un bien pour certains, un mal pour d’autres
Cette protection est une aubaine pour l’habitat naturel du parc qui sera désormais protégé.
Car au milieu de cette mer de sédiments érodés, se déroulent des plaines à perte de vue qui forment l’une des plus grandes zones de prairies herbeuses (maintenant protégée) du pays. C’est pour cette raison que ce parc, qui semble si inhospitalier, abrite une vie sauvage aussi riche. Un écosystème rare où évoluent tranquillement biches, coyotes, pumas, tortues ou encore de joyeuses bandes de chiens de prairies. Grâce à la création du parc national, plusieurs espèces en danger y sont même réintroduites comme le bison, le putois à pieds noirs, le mouflon d’Amérique ou encore le renard véloce.
Mais les perdants de l’histoire sont encore et toujours les Lakotas qui se voient encore reprendre une partie de leurs terres. La partie sud du parc national est située sur la réserve et bien qu’en co-gestion entre le gouvernement américains et les Oglalas Lakotas, ce secteur du parc national empiète donc encore sur les terres des natifs.
Vous ne vous aventurez probablement pas dans cette partie très difficile d’accès et perdue au milieu de terres privées (que l’on ne franchit qu’avec une autorisation) mais, pour autant, ne perdez pas de vue que l’histoire de ce secteur qui fait partie de l’identité du parc national de Badlands.
Une émotion palpable
Au volant de votre voiture lorsque vous passerez de points de vue spectaculaires en panoramas déroutants, crapahuterez sur les roches lunaires ou surplomberez la mer de mesas à perte de vue, vous percevrez l’intensité de ces « mako sica ». Surnommées mauvaises terres par les lakotas, ces terres nous rappellent qu’elles sont celles des natifs et qu’elles ont vu le monde changer, se déchirer ; cette région accaparée, morcelée, bradée. Restez dans le parc en fin de journée, lorsque les touristes quittent progressivement les points de vue et les sentiers de balade, laissez la lumière baisser et mélanger les couleurs des roches, irradier tout de sa chaleur dorée. Les biches sortiront surement en nombre et le ciel se chargera d’une intensité assez rare. C’est à ce moment que le parc prend toute sa dimension mystique qui force parfois une émotion assez vive.
La seule façon d’accéder au parc est en voiture. L’aéroport le plus proche est celui de Rapid City (Dakota du Sud) à moins d’une heure de route. L’aéroport international de Denver (Colorado) se trouve à 5h50 de route de là.
Le parc national se divise en deux parties :
Le parc national de Badlands se visite toute l’année. En hiver, le parc est souvent enneigé. Si les paysages sont magnifiques, il faut faire attention aux routes qui peuvent être glissantes, voire fermées selon les conditions. C’est une visite assez féérique, mais comme souvent, plus risquée. Pensez aussi qu’il peut faire vraiment frais, surtout avec le vent qui est souvent de la partie. L’été, il fait chaud et le parc est plus fréquenté. Entre les deux, l’automne et le printemps sont des saisons agréables à considérer pour une visite plus tranquille.
Où dormir dans le parc national de Badlands
Un seul logement en dur est disponible dans le parc, il s’agit du Cedar Pass Lodge qui propose de belles cabines en bois traditionnelles situées juste à côté du Ben Reifel Visitor Center dans un décor grandiose.
Les autres options sont le camping. Le parc compte deux sites :
Où manger dans le parc national de Badlands
Le seul restaurant se trouve au niveau de Cedar Pass Lodge (restaurant et vente de snacks). L’autre option étant de pique-niquer dans le parc. Plusieurs espaces de pique-nique avec des tables se trouvent au niveau de ces sites :
Les infrastructures touristiques les plus proches (restaurants, hôtel, magasins…) se trouvent au niveau du complexe touristique de Wall, à l’entrée du parc (au nord de Pinnacles Entrance).
Le parc est donc divisé en deux parties : le nord, la partie principale et le sud qui se situe dans la réserve de Pine Ridge, isolée et difficilement accessible. C’est pour cette raison que les recommandations de visites se portent généralement exclusivement sur la partie nord. Voilà donc les sites et les balades à ne pas manquer dans la partie principale du parc national de Badlands.
Mais avant même de commencer votre visite du parc national de Badlands, un arrêt presque incontournable s’impose. En 1931 l’épicerie/pharmacie de Wall Drug (située au niveau de Wall à l’entrée nord du parc) tente de s’imposer dans cette région désertique. Mais personne ne s’y arrête. Au bord de la faillite, Dorothy, la propriétaire, décide d’installer de gros panneaux au bord de la route indiquant la présence du magasin et la distribution d’eau gratuite. En peu de temps, les clients affluent, tout comme les panneaux qui sont placés de plus en plus loin pour signaler la distance restante jusqu’au magasin. Aujourd’hui, on en trouve tout au long de l’Interstate 90, dans tout l’État mais aussi chez les voisins du Minnesota et du Wyoming. Si ce commerce est devenu mythique et propose encore de l’eau gratuite à qui en demande, il ne reste plus grand chose de la petite boutique d’antan. C’est devenu une grosse attraction touristique autour de laquelle s’est greffé tout un complexe touristique de motels, restaurants, attractions et magasins de touristes dans une ambiance western, surfaite et tape à l’œil. C’est bruyant et peu authentique, mais ça reste une bonne halte pour se dégourdir les jambes, distraire les enfants parmi toutes les attractions proposées ou faire quelques provisions avant de rentrer dans le parc national.
De là, on peut soit directement rejoindre le parc national de Badlands via l’entrée de Pinnacles au sud de la ville de Wall où se trouve le complexe, soit en continuant l’Interstate 90 jusqu’à North East Entrance. Ce que nous vous conseillons si vous venez et repartez en direction de Rapid City. Cela vous permettra de débuter la visite par un arrêt au visitor center de Ben Reifel. Si vous voyagez d’est en ouest ou vice-versa, autant traverser le parc dans le sens de votre trajet.
Les deux zones principales de cette partie nord du parc sont articulées autour des deux routes principales et permettent une visite très facile. De nombreux points de vue avec parkings sont aménagés tout au long de ces routes. On y trouve aussi de nombreux départs de balade. Le parc national de Badlands est probablement l’un des parcs où il est le plus facile de se repérer et de rejoindre les points d’intérêt sans même parfois avoir à marcher.
Badlands Loop Road
Cette boucle concentre les attractions principales du parc, le visitor center, le lodge et son restaurant, un des campings, les points de vue et balades les plus connus du parc. Il faut prévoir une heure de route pour entrer au niveau de North East Entrance et ressortir au niveau de Pinnacles Entrance ou vice-versa.
Parmi les arrêts à ne pas manquer :
La région de Sage Creek
La partie à l’extrémité ouest du parc, se fait en général en complément de la Badlands Loop Road, juste avant de bifurquer pour sortir au niveau de Pinnacles. La Sage Creek Rim Road connecte la Badlands Loop Road et la ville de Scenic tout à l’ouest. Elle dessert quelques points de vue et le camping du même nom. Il faut compter environ 50 min pour traverser cette région et ressortir du parc. On peut facilement y observer des bisons et des mouflons et bien d’autres espèces sauvages qui vivent dans le parc. La route n’est pas goudronnée. Elle reste en bon état et facilement praticable par tout type de véhicule par beau temps mais attention aux jours de pluie et de neige à ne pas s’y aventurer avec une voiture classique.
Parmi les points d’intérêt à ne pas manquer (outre l’observation de la faune locale) :
Comprendre l’histoire de ce lieu offre une approche totalement différente de ces « mauvaises terres » tantôt boudées, tantôt disputées. Mais, l’autre particularité de la région, c’est son passé géologique et sa concentration étonnante de fossiles. Pour se familiariser avec cette histoire, une balade (en anglais) est menée par les rangers du parc, tous les jours à 8:30am (au niveau de Door Trail Trailhead) de fin mai à fin septembre. (Plus d’informations sur le site du parc national). Elle revient sur 75 millions d’années et permet de comprendre la particularité géologique de ce parc. L’autre activité à faire dans le même esprit est d’observer les paléontologues en train de trier, identifier et ranger les fossiles dans le Fossil Preparation Lab du Ben Reifel Visitor Center. Tous les jours de 9am à 4:30pm, de la deuxième semaine de juin à la troisième de septembre.
Non. Il suffit de s’acquitter des 30$ d’entrée.
Oui, on peut facilement visiter la partie nord en une journée. La partie sud étant, dans tous les cas, difficilement accessible.
Le parc possède un hôtel, le Cedar Pass Lodge et 2 campings.
Oui, mais en restant vigilant aux conditions de circulation et à la fermeture possible de certaines routes.