En France, la recommandation du ministre de la santé Olivier Véran de prendre du paracétamol en cas de fièvre, a entraîné une ruée sur le Doliprane (le nom commercial). Aux Etats-Unis, pas de mise en garde équivalente, mais la différence dans les noms de médicaments entre la France et les US augmente encore la confusion. On vous aide à vous y retrouver.
La mise en garde française s’appuie sur plusieurs cas en France de personnes jeunes et sans condition pré-existante qui ont été atteintes du coronavirus et avaient pour seul point commun d’avoir pris des anti-inflammatoires (ibuprofène notamment) pour traiter la fièvre. Les anti-inflammatoires non-stéroïdiens et les corticostéroïdes sont connus pour diminuer les défenses immunitaires, ce qui pourrait expliquer leur rôle néfaste en la matière.
Aux Etats-Unis, cette mise en garde française a été accueillie avec scepticisme. “Ce ne sont que des anecdotes et des fake news” a par exemple confié le Dr. Garret FitzGerald, pharmacologue à University of Pennsylvania au New York Times. Et si la plupart des spécialistes approuvent l’idée de limiter l’usage des médicaments pour faire baisser la fièvre -car ils pourraient en fait prolonger l’infection-, ils estiment que la mise en garde concerne le paracétamol autant que les anti-inflammatoires. “Il est préférable d’éviter les deux types d’anti-douleurs” dit ainsi le Dr. Myron M. Levine, de l’University of Maryland School of Medicine.
“La réaction américaine est sans doute aussi liée au fait que conseiller le paracétamol aux gens n’est pas sans risque, ajoute Isabelle Guglielmi, docteur en pharmacie et aromathérapeute et fondactrice du site AmérikSanté.Le surdosage, même limité, du paracétamol peut en effet occasionner des dommages importants au foie notamment.
De la même manière, il faut aussi être prudent avec la troisième classe d’anti-douleurs, l’aspirine. “On sait qu’elle peut occasionner chez certains, enfants atteints de varicelle ou de grippe, ce qu’on appelle le “syndrome de Reye”, qui peut gravement endommager le foie ou le cerveau”, explique Isabelle Guglielmi. Autant de raisons d’éviter l’automédication, d’autant que le Covid-19 étant nouveau, aucune étude sérieuse n’a encore pu permettre d’établir de consensus médical sur ces questions.
Les correspondances entre médicaments français et américains
Le Doliprane est, comme le Dafalgan et l’Efferalgan, un nom commercial du paracétamol. Contrairement à la plupart des autres principes actifs, celui-ci porte un nom différent aux Etats-Unis, c’est l’acetaminophen. Il est principalement commercialisé sous la marque Tylenol. Mais la plupart des chaînes de pharmacie ont leur propre marque. On le trouve aussi en association avec d’autres principes dans des médicaments anti-douleurs vendus sur ordonnance uniquement (tel le Tramadol).
L’ibuprofène visé par le ministre de la santé français est connu en France soit en générique sous ce nom, soit sous des noms de marque, notamment Nurofen. Aux Etats-Unis, le principe actif a le même nom (ibuprofen). Les marques connues ici sont Advil et Motrim.
L’Aspegic français (aspirine), qui n’est donc pas recommandé dans les traitements de la grippe, est connu aux Etats-Unis soit sous la marque Bayer principalement. Attention, l’Excedrin qui contient de l’aspirine le mélange au paracétamol (et à de la cafféine).