Pénétrer dans la jolie maison bohème d’Alix Soubiran, c’est s’embarquer dans un beau voyage artistique. Car c’est chez elle, à Los Angeles, sur les hauteurs de Los Feliz, que cette peintre et muraliste parisienne a installé son atelier.
Elle y créé de luxueux papiers peints (dont certains couvrent les murs de son domicile), des trompe-l’oeil et des tableaux personnalisés, destinés à une clientèle haut-de-gamme.
Alix Soubiran a créé son entreprise de papiers peints artisanaux, Princes and Crows, en 2008, un an après son arrivée à Los Angeles où elle était venue m’installer pour y suivre le père de ma fille. “Avant cela, j’ai vécu en Floride pendant sept ans, où j’ai créé mon entreprise de trompe-l’oeil. Je décorais des maisons de particuliers. En arrivant à L.A, j’ai eu envie de me lancer dans quelque chose qui ne relevait plus autant de la commande, mais de mes propres envies”, poursuit Alix Soubiran en déroulant au sol quelques-unes de ses plus belles créations.
Son carnet de clients compte de nombreux décorateurs de renom comme Timothy Corrigan et Joan Benhke, et plusieurs stars hollywoodiennes dont l’actrice Mila Kunis. Un coup de maître, lorsque l’on sait qu’Alix Soubiran est autodidacte dans ce domaine.
“J’ai commencé à expérimenter avec le papier peint en tâtonnant, en faisant des essais à la gouache, en me disant que je n’avais rien à perdre à essayer”, explique l’artiste, l’une des rares à avoir investi le marché du papier peint artisanal, quasi-inexistant à Los Angeles.
Petits animaux plein d’humour et de fantaisie pour les enfants, plumes indiennes, fleurs abstraites modernes, motifs orientaux dorés…Les styles sont très divers. “Chacune de mes créations vise à donner une âme particulière à une pièce”, dit-elle en montrant sa chambre à coucher, dont les murs ont été recouverts d’un papier composé de belles rayures bleues à l’esprit XIXème siècle, digne d’un roman de Flaubert.
“Je fais tout à la main, puis je transforme mon travail en fichier, qui est envoyé à l’imprimeur”, nous explique-t-elle. Ses papiers sont pour la plupart produits en séries limitées, et il lui arrive aussi de réaliser des rouleaux personnalisés.
“Mila Kunis m’a demandé une toile de Jouy à la thématique pastorale traditionnelle du XVIIIe siècle français, à laquelle j’ai ajouté de petits éléments amusants, clins d’oeil à Los Angeles”, raconte-t-elle en pointant du doigt des poteaux téléphoniques cachés dans le dessin, typiques des rues d’Hollywood.
Si la création de ces papiers peints est un savoir-faire récemment acquis, la passion d’Alix Soubiran pour les fresques murales remonte à l’enfance. C’est en jouant à Passy dans la maison de son grand-père, l’écrivain André Soubiran, qu’elle découvre les papiers imprimés à la planche de la maison alsacienne Zuber, la plus ancienne manufacture de papiers peints du monde, créée en 1797.
“Chez mon grand-père, les murs étaient presque entièrement recouverts de livres. Mais il y a avait quelques trous dans sa bibliothèque, au travers desquels on pouvait apercevoir des morceaux d’un papier panoramique très populaire à l’époque qui s’appelait Vues du Brésil. J’étais tombé nez à nez avec un tigre qui m’impressionnait beaucoup.” Aujourd’hui, la célèbre maison de papiers peints basée à Rixheim, en Alsace, vend une sélection des créations d’Alix Soubiran.
Bien que passionnée de dessin depuis son enfance, Alix Soubiran part, après le bac, faire des études à Sciences Po Lyon. Elle revient ensuite à ses premières amours et suit les cours de Penninghen et du Centre Pictural des Arts décoratifs de Paris. “On pourrait se dire que c’est une drôle de transition, mais ma formation à Sciences Po m’a beaucoup servie : mes tableaux et mes papiers sont infusés d’histoire. Cela donne une force et une consistance particulière à mon travail, d’autant que je travaille avec des client américains souvent très cultivés, qui apprécient cette dimension”, ajoute l’artiste.
Car ce qu’Alix Soubiran aime par-dessus tout, c’est lorsque les murs racontent une histoire. “J’aime les petits détails qui accrochent l’oeil, surtout ceux des enfants. Un papier peint, c’est souvent la dernière chose que l’on voit avant de s’endormir. Et c’est toujours un moment un peu magique…”