La famille culturelle et artistique de Manhattan s’agrandit. Après The Shed à Hudson Yards et le David Geffen Hall renové au Lincoln Center, voici que l’île accueille une nouvelle scène : le Perelman Performing Arts Center, ou PAC NYC. Ouvert le 15 septembre dernier au cœur du World Trade Center, dans un bâtiment en forme de cube dont la façade en marbre et verre luit naturellement la nuit tombée, il accueillera dès le mercredi 1er novembre Metropolis, un restaurant du chef Marcus Samuelsson, père du Red Rooster à Harlem.
Son nouveau bébé sera « une véritable lettre d’amour à New York », a raconté le chef lors d’une conférence de presse, mercredi 25 octobre, dans les locaux de PAC NYC. « Nous nous sommes inspirés des cinq arrondissements de la ville. Nous avons regardé les poissons de Rockaway, pensé au Queens, Staten Island et Brooklyn, parlé à des vendeurs et des artisans incroyables dans toute la ville et l’État de New York. Tout cela se reflétera dans notre menu ».
Imaginé il y a vingt-deux ans dans le cadre du projet de reconstruction du World Trade Center après les attentats du 11-Septembre, PAC NYC est l’une des dernières pièces du nouveau site – il manque encore quelques tours. Il porte le nom de Ronald Perelman, l’homme d’affaires dont le don de 75 millions de dollars a permis la construction du bâtiment, même si l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, en est le plus grand bienfaiteur, avec 130 millions de dollars.
Le centre accueillera des concerts, des spectacles de danse, des conférences, des pièces de théâtre et des projections de films, notamment dans le cadre du TriBeCa Film Festival. L’espace de performance, un auditorium en forme de grand L, peut se diviser en trois salles de tailles différentes, elles-mêmes modulables en soixante-deux configurations. Une souplesse qui vise à apporter un « élément de surprise » au public et à répondre aux besoins des artistes, selon la directrice Khady Kamara.
« Non seulement l’auditoire pourra-t-il apprécier de l’art de haute-qualité, mais il le fera dans un théâtre qui sera arrondi un jour donné, puis quand il reviendra dans le même espace six semaines plus tard, la salle aura complètement changé ».
La programmation de PAC NYC reflète cette flexibilité, ainsi qu’une volonté de mettre en valeur les liens entre New York et l’international, clin d’œil à son emplacement. « Nous sommes conscients du fait que 93 pays étaient représentés parmi les personnes qui ont perdu leur vie le 11-Septembre. Nous pensons tout le temps à notre responsabilité envers le World Trade Center afin d’être une organisation véritablement internationale », raconte le directeur de la programmation, Bill Rauch.
C’est ainsi qu’une série de concerts rassemblant des artistes du monde entier autour du thème du refuge et de la guérison a accompagné le coup d’envoi de la saison inaugurale. Le reste du calendrier 2023-2024 comprend aussi quelques pépites : l’artiste afro-américaine Toshi Reagon, connue pour son sublime opéra-rock Parable of the Sower; une rencontre avec Walter Isaacson, l’auteur d’une récente biographie à succès sur Elon Musk; une pièce de théâtre de Laurence Fishburne (Matrix, Boyz ‘n the Hood…); un festival de danse de rue… Le clou de la saison sera la comédie musicale Cats à la sauce « Ballroom », ces spectacles de drag développées clandestinement par la communauté LGBTQ noire et hispanique à New York.
Comme toute institution culturelle en 2023, PAC NYC se veut ouvert et démocratique. Ainsi, des spectacles gratuits sont proposés dans son lobby, accessible sans ticket. Et devenir membre ne coûte que dix dollars. « Notre mission est de créer des liens, de rassembler et de contribuer à une guérison civique », résume Bill Rauch.
Encore faut-il que le public vienne. Car le World Trade Center n’est pas réputé pour être une destination artistique. L’avantage du Perelman Performing Arts Center, c’est qu’il est bien desservi. Contrairement au Shed, qui semble loin de tout dans son écrin de Hudson Yards, PAC NYC se trouve à proximité d’un hub de transports (lignes de subway, PATH, ferry…).
Et pour ceux qui se demandent à juste titre si cette profusion de rails et de tunnels sous la structure affecte la qualité du son, n’ayez crainte. La salle de spectacle modulable est renfermée dans plusieurs « boîtes » posées sur des tampons de caoutchouc qui étouffent les bruits et les vibrations provenant des multiples niveaux d’infrastructures en dessous. Décidément, World Trade Center est à la fois le pire et le meilleur endroit où construire un centre d’arts performatifs !
PAC NYC, 251 Fulton Street, New York. Site