Les amateurs de photo sont en transe: une des institutions majeures de la photographie contemporaine arrive à New York. Fotografiska ouvre ses portes samedi 14 décembre au 281 Park Avenue South, à l’angle de la 22e Rue. L’adresse prestigieuse abrite l’un des joyaux de l’architecture new-yorkaise, un bâtiment classé de cinq étages de style Renaissance flamande, construit en 1894. Longtemps propriété d’organisations religieuses, l’ancienne Church Missions House se mue en lieu multi-conceptuel où le pouvoir de communication de l’image apparaît sous toutes ses formes, du cliché argentique au documentaire multimédia.
Ce nouveau rendez-vous artistique est l’extension new-yorkaise du Fotografiska de Stockholm, conçu en 2010 par les frères suédois Per et Jan Broman et devenu, en moins de dix ans, une référence incontournable de la photographie. Fotografiska, financé par des fonds privés, n’a rien d’un musée classique – sa collection propre est très réduite – ou d’une institution comme le Centre International de la Photographie (ICP) à Manhattan. Ce n’est pas une galerie d’art car aucune œuvre présentée n’est à vendre. « Plus qu’un espace où nous montrons de l’art, c’est un lieu où l’on vient vivre une expérience », explique le photographe allemand Yoram Roth, président du conseil d’administration et chargé du développement à l’international du groupe Fotografiska.
Plusieurs expositions tournantes, montées directement avec les photographes, les collectionneurs privés et les musées, sont présentées en même temps entre les deuxième et quatrième étages. Le 1er étage est dédié au restaurant Verōnika, nommé d’après la sainte patronne des photographes et dirigé par le groupe de Stephen Starr, aux commandes notamment de Le Coucou, Upland, Buddakan et Morimoto à New York et de Chez la Vieille à Paris. Les évènements et discussions occuperont le cinquième et dernier étage. « On vient à Fotografiska non seulement pour les photographies, mais aussi pour prendre le temps d’échanger et pour une expérience culinaire, estime Yoram Roth. De nombreux musées offrent cela mais nous avons l’approche la plus inclusive ». Fotografiska restera ouvert tard le soir, jusqu’à 23 heures, voire minuit du jeudi au samedi.
Les œuvres de cinq artistes confirmés, dont quatre femmes, font l’ouverture : la célèbre photographe de mode allemande Ellen von Unwerth présente les corps sensuels de ses superbes modèles, un contraste saisissant avec les paysages dépouillés de la Suédoise environnementaliste Helene Schmitz ; les portraits inspirés du peintre Gustav Klimt de l’artiste multimedia afro-américaine Tawny Chatmon font écho aux mises en scène cinématographiques de l’Israélien Adi Nes.
« Le lancement de Fotografiska est réalisé en partenariat avec le magazine TIME, précise la directrice des expositions Amanda Hajjar, venue de la galerie Gagosian. Le travail incroyable d’Anastasia Taylor-Lind, consacré à la maternité, est exposé. » La photojournaliste anglo-suédoise s’est penchée sur les différents modes de garde d’enfants aux Etats-Unis, des nannies aux day care, « un thème qui touche tous les New Yorkais ».
L’inauguration a été retardée de plusieurs mois en raison des importants travaux de rénovation des quelque 4 000 m2 du bâtiment historique afin de pouvoir accueillir 500 000 visiteurs par an, selon les prévisions. Après Stockholm, Tallin en Estonie et New York, le groupe poursuivra son développement européen avec un quatrième Fotografiska, à Londres l’an prochain.