« On n’y croyait plus, on a sabré le champagne pour fêter la nouvelle », s’exclame Anne Crespo, directrice de la communication de La Compagnie. Comme de nombreux Français, La Compagnie a célébré l’annonce de la levée prochaine du « travel ban ». La compagnie aérienne dessert des vols directs 100 % en classe affaires entre Paris et New York, mais aussi entre New York et Nice pendant la saison estivale. Le groupe avait dû suspendre l’intégralité de ses vols jusqu’en juin 2021, et mettre au chômage partiel presque l’intégralité de ses employés.
Lors de l’ouverture des frontières européennes aux Américains en juin, La Compagnie avait repris entre 4 et 5 vols par semaine, avec une moyenne de 60 % de remplissage. « Les Américains ont tout de suite recommencé à voyager, la reprise a été portée par les clients loisirs », raconte Anne Crespo. A l’annonce de l’ouverture des États-Unis en novembre prochain, les Européens n’ont pas traîné non plus. « Nous avons eu un pic de réservations, lundi après-midi, pour des voyages en novembre et décembre, il y a un vrai emballement », relate-t-elle. La Compagnie proposera 6 à 7 vols Paris-New York par semaine au prix d’appel de 1.200 euros ou 2.000 dollars et va également ouvrir une ligne New York-Paris-Tel Aviv le 5 décembre prochain, un marché avec une forte demande.
De l’autre côté du spectre, la compagnie low-cost French bee s’est, elle aussi, réjouie de la levée du « travel ban ». « Comme beaucoup de nos clients, nous étions dans l’attente de cette annonce. C’est désormais concret et French bee permet un voyage vers ces 2 villes mythiques des États-Unis, New York et San Francisco, à des tarifs très attractifs associés à une offre pointue et personnalisable », a déclaré Muriel Assouline, Directrice Générale de French bee. La compagnie avait également repris les vols Paris-New York en juillet dernier et propose un tarif d’appel à 199 dollars l’aller. Mais elle attend encore les conditions d’application de ces nouvelles règles de voyage pour relancer la ligne vers San Francisco, pour ses vols à destination de Tahiti.
Une année de flottement avant un retour à la normale
Chez le leader du marché Air France-KLM, il s’agit bien sûr d’une « nouvelle formidable », dans la mesure où « 40% de notre chiffre d’affaires provient des liaisons transatlantiques », a expliqué le directeur général, Benjamin Smith, à l’AFP. De 64 vols quotidiens au-dessus de l’Atlantique, le groupe avait « réduit ces rotations de 75 à 80% » pendant la pandémie. « Dans les prochains jours, explique-t-il, nous allons étudier ce qui peut être réaliste » en termes de déploiement des capacités. Il a assuré que tous les avions long-courriers étaient « en ordre de marche », mais que la montée en puissance dépendrait aussi du niveau de la demande. Car la pandémie a fait très mal au secteur touristique qui représente la moitié des recettes de la ville de New York. En 2020, le nombre de touristes à Big Apple a chuté de deux tiers, à 22,3 millions contre un plus haut historique de 66,6 millions en 2019.
Or, outre l’appétit des touristes, les événements de grande envergure reprennent peu à peu aux États-Unis. « Nous attendons avec impatience la date du marathon de New York, nous avons 800 personnes sur liste d’attente », raconte Franck Bondrille, CEO de Contact USA, qui organise des événements et voyages professionnels de groupes Français aux États-Unis. Les entreprises commencent déjà à reprogrammer des séminaires outre-Atlantique pour 2022, et les artistes comme Florence Foresti, Francis Cabrel ou Kev Adams, qui avaient dû reporter leurs tournées, devraient annoncer prochainement de nouvelles dates.
Le problème ne viendra donc pas de la demande, mais plutôt de l’offre aérienne disponible, selon lui. Car la pandémie a coûté très cher aux compagnies aériennes: selon Statista, après avoir connu un pic de pertes à 135 milliards de dollars au deuxième trimestre 2020, elles vont encore accuser 85,3 milliards de dollars de revenus perdus au quatrième trimestre 2021. Déjà, la ligne Paris-New York a perdu deux opérateurs low-cost, Norwegian Airlines et Corsair, en quelques années. « Nous pensons qu’il y aura une année de flottement avant que le trafic revienne à la normale, estime Franck Bondrille. Nous étudions des demandes de vols ponctuels pendant les périodes d’affluence auprès des compagnies ». Une chose est sure, après 18 mois d’activité très réduite, les compagnies aériennes devraient se rattraper et faire gonfler les prix des billets sur cette ligne très prisée du Paris-New York.