Point de bagarre généralisée. Ni de dégradation de matériel. Ni de charges des forces de l’ordre en gilet pare-balle. Mais où diable sont les casseurs? C’est la question que s’est posée au moins une fois tout amateur de sports français dans un stade américain.
Certes, les actes de violence existent dans les arènes sportives américaines et en dehors (affrontement entre supporters de West Ham et de Columbus Crew en 2008, entre fans de NFL…) , mais le hooliganisme n’y a pas pris racine comme en Angleterre, en Italie ou encore en France. Le retard de développement du « soccer », sport qui draine traditionnellement le plus de hooligans, n’est pas une raison. Entre le hockey, le base-ball et le football, les Américains ont largement de quoi se mettre sur la figure.
Pourquoi donc les supporters américains sont-ils aussi sages? La réponse est peut-être à trouver dans un article du New York Times d’octobre 1993. A l’époque, une violente altercation entre supporters britanniques à Rotterdam vient d’entrainer l’arrestation de 600 personnes. L’équipe chargée de la sécurité de la Coupe du Monde 1994 aux Etats-Unis en profite pour aller droit… au but lors d’une conférence de presse. Dans une situation similaire, elle aurait eu recours à des gaz lacrymogènes et même des armes à feu, précise-t-elle, laissant entendre que les hooligans européens étaient des anges à côté des gangs de Los Angeles.
Pour Jérôme de Bontin, manager de l’équipe de foot new-yorkaise des New York Red Bulls, le statut privé des arènes sportives aux Etats-Unis leur confère plus de latitude pour exclure les supporters violents notamment. “Comme on est chez nous, on a des règles strictes. L’Etat n’a pas les mêmes pouvoirs“. Mais ce n’est pas qu’une question de règlement. “Les Américains sont plus mobiles géographiquement. Le supporter américain a tendance à être moins attaché culturellement aux équipes locales que ne le sont les supporters de Marseille ou de Paris par exemple, dont les familles ont des décennies d’attachement aux clubs“, souligne le Français, ajoutant que les Américains ont tendance à soutenir leur équipe universitaire avant tout.
Pour Dougie Brimson, scénariste de l’excellent Green Street Hooligans, film de référence sur l’hooliganisme anglais avec Elijah Wood, les faits de hooliganisme existent aussi aux Etats-Unis, mais ils ne sont simplement pas qualifiés comme tels.”Ceci dit, il y en a clairement moins qu’en Europe“, note le cinéaste britannique. Selon lui, le travail des clubs de supporters américains explique cette différence. “La scène sportive est gérée par les fans, elle n’a pas évolué de manière organique comme en Europe. En effet, les cadres des clubs de supporters de la Major League Soccer notamment méritent d’être applaudis pour le très bon travail qu’ils sont en train de faire“. Pourvu que ça dure.