Le designer français Philippe Starck concevra le complexe d’entraînement spatial de la start-up américaine Orbite, co-fondée par Nicolas Gaume (également directeur de Space Cargo Unlimited) et Jason Andrews (ancien président de Spaceflight Industries). Les chemins de l’entrepreneur en série français et de l’ingénieur aérospatial américain se sont croisés en 2014, alors que le premier avait pour objectif d’envoyer une caisse de Petrus à bord de la Station Spatiale Internationale – projet qu’il a réalisé quelques années plus tard. En 2019, les deux hommes se retrouvent et abordent le sujet « de l’industrie hôtelière pour les astronautes qui souhaitent quitter la planète », détaille Jason Andrews. Ensemble, ils imaginent Orbite (épelé à la française), une collaboration franco-américaine qui vient s’ajouter « à d’autres grands projets transatlantiques, tels que le télescope James Webb ou les satellites Airbus OneWeb ».
La start-up compte bien se faire une place sur marché florissant du tourisme spatial en offrant une formation aux vols spatiaux commerciaux (dont « 2020 a été l’année 1 », glisse Nicolas Gaume) « à la fois aux futurs astronautes et aux spationautes étrangers qui ne disposent pas des infrastructures nécessaires, mais aussi aux civils qui aspirent à devenir astronautes ainsi qu’à d’autres aventuriers qui souhaitent simplement passer un bon moment », poursuit Jason Andrews. Le complexe d’entraînement Spaceflight Gateway ouvrira aux Etats-Unis en 2024, dans un emplacement encore tenu secret. Le campus, qui couvrira environ 25 hectares, offrira aux futurs explorateurs de l’espace un entraînement et un hébergement de luxe.
Philippe Starck connaît bien Nicolas Gaume, dont il a rénové l’hôtel-boutique familial La Co(o)rniche en 2010. C’est aussi un habitué des projets spatiaux : après avoir réalisé le port spatial de Virgin Galactic et le module d’habitation de la station spatiale d’Axiom (arrimée à la Station Spatiale Internationale), le créateur est « ravi de collaborer avec Orbite sur ce projet unique en son genre qui fait progresser les opportunités pour la civilisation de découvrir les merveilles de l’espace et de célébrer le caractère unique de la Terre ». Nicolas Gaume, qui le qualifie d’« incroyable visionnaire », a été séduit par son approche durable et estime que « son talent et les valeurs d’Orbite se rejoignent ». Ensemble, ils s’engagent à « créer une installation qui non seulement minimise son impact environnemental sur la Terre, mais qui célèbre également la merveille, la beauté et la fragilité de la planète. »
Julien Hémard, responsable commercial chez Pernod Ricard, a eu la chance de prendre part au premier stage d’entraînement dispensé par Orbite à l’été 2021. Passionné depuis très jeune par l’astronomie et la conquête spatiale, il témoigne d’une expérience de trois jours « incroyable, basée à la fois sur la théorie et la pratique », au cours de laquelle il a pu échanger avec l’astronaute Jean-François Clervoy, Laura André-Boyet, qui a entraîné Thomas Pesquet et Lionel Suchet, directeur général du CNES, Et avec « plusieurs chefs du cabinet de conseil en restauration d’Alain Ducasse, qui fabrique les conserves pour la Station Spatiale Internationale ». Sans oublier son instructrice, Brienna Rommes, « qui a formé Richard Branson avant son voyage spatial ».
Mention spéciale, souligne Julien Hémard, pour « les vols zéro G effectués à bord d’un Airbus A310, qui recréent la sensation d’apesanteur, et les vols high G à bord de petits avions de voltige, cette fois avec beaucoup de force gravitationnelle, qui répliquent les sensations de décollage et d’atterrissage d’une fusée ». S’il y est allé par simple curiosité, il reconnaît avoir été subjugué, et, après avoir voyagé en réalité virtuelle – dans les pas de Branson ou de Bezos, à bord de la Station Spatiale Internationale et autour de la Lune –, est « prêt à sauter sur l’occasion d’aller dans l’espace si elle se présente ».
Nicolas Gaume voit dans les voyages spatiaux des opportunités pour l’humanité, « notamment pour la recherche et les sciences de la vie », et partage avec Jason Andrews la conviction que « voir la Terre d’en haut est très puissant ». Pour ce dernier, aucun doute : puisque « nous songeons à mettre les humains en orbite, à rendre les espèces multiplanétaires, à retourner sur la Lune, à aller sur Mars… », à terme, « nous allons vivre et travailler dans l’espace ». Faire le voyage permet selon lui d’« obtenir une meilleure perspective de notre planète, qui aide à mieux en prendre soin ».