Dans un pays qui en a peu, c’est une règle vestimentaire qu’on entend à chaque fin d’été: “on ne porte pas de blanc après Labor Day“. Mais pourquoi? C’est la question bête de la semaine…
Bien sûr, il y a d’évidentes raisons pratiques: le blanc c’est salissant en hiver… Mais cela n’explique pas que Labor Day soit la frontière à ne pas franchir en robe virginale, quand la chaleur peut durer bien au-delà, ni d’ailleurs que la règle s’applique également à des régions qui ne connaissent pas d’hiver.
La mauvaise nouvelle d’abord: aucun historien de la mode n’a semble-t-il réussi à indentifier précisément l’apparition de cette règle. Mais, comme Kevin Jones, conservateur du Fashion Institute of Design and Merchandising (FIDM), la plupart s’accordent pour dire que la coutume remonte à l’époque de l’âge d’or, fin du XIXème et début du XXème siècle. La période a produit un nombre considérable de “nouveaux riches” et l’argent n’est plus suffisant pour distinguer “la haute société” ou celle qui se considère comme tel. Ceux-ci inventent alors des dizaines de règles de la mode (détaillées par exemple dans “Gilded New York”, publié en 2013), destinées à permettre de se reconnaître immédiatement “entre soi” et d’écarter la vulgarité nouveau riche, de la longueur des manches des robes à la profondeur du décolleté selon l’heure de la journée ou l’occasion…
Sans doute en raison de sa simplicité, la règle de l’interdiction de porter du blanc entre Labor Day et Memorial Day a perduré bien au-delà de l’âge d’or et s’est répandue dans la société à mesure que le blanc devenait le symbole de l’été, grâce notamment aux fameuses “white parties” dans les Hamptons et ailleurs. La saison d’été (dans le nord-est en tout cas) se terminant officiellement quand les riches fermaient leurs maisons de vacances, à Labor Day, il était de bon ton d’abandonner le blanc.
Jusqu’à une époque pas si ancienne, toute jeune fille américaine du nord-est, mais pas seulement, avait de grandes chances d’avoir entendu sa mère la prévenir: “pas de blanc après Labor Day“. La phrase continue d’être répétée aujourd’hui, même si évidemment plus personne ne respecte réellement la règle. Et depuis un moment: déjà Coco Chanel avait rendu célèbre son costume blanc, qu’elle portait en toute saison. Aujourd’hui, même les héritiers d’Emily Post, la gardienne des bonnes manières américaines, ont déclaré forfait et admettent qu’on peut porter du blanc quand bon nous semble. On respire…
0 Responses
J’en porte aujourd’hui a San Francisco, ou l’ete vient tout juste de commencer! Je rajouterais que la regle de la saison s’appliquait encore plus au choix de chaussures blanches il ya plusieurs decennies.
Quelle idée saugrenue. Je suis en Californie et les gens mettent du blanc à n’importe quel mois de l’année.