“T’as pas idée à quel point aucun Belge ne supporte l’idée de perdre contre la France“. Fred Dubinski, analyste financier à Manhattan, annonce la couleur. Pour ce Belge de 37 ans, fan invétéré des Diables Rouges, perdre contre la France mardi 10 juillet en demi-finale de la Coupe du monde n’est pas une option. “Même mes parents qui se foutent du football ne peuvent pas imaginer une victoire de la France“.
Comme les Français de New York, la communauté belge de la ville vibre au fil des matches de son équipe nationale. Les bars et restaurants belges ont fait le plein de supporters ces dernières semaines pour voir Eden Hazard et les siens enchainer les succès, deux ans seulement après leur élimination décevante en quarts de finale de l’Euro par le Pays de Galles. “Il y a le sentiment que c’est cette année ou jamais“, lance Nicolas Van Heule, la voix cassée après la qualification face au Brésil.
Ce Belge qui travaille dans le secteur financier se décrit comme “un fervent supporter des Rouges“. Avec ses amis, il débarque à chaque match au repaire des Belges sur la 22eme rue, BXL Zoute, équipé d’un mégaphone et de trompettes pour soutenir les siens “comme des acharnés“. Pour lui, les bonnes performances de l’équipe dépassent l’arène sportive: elles ont permis de rapprocher néerlandophones et francophones, deux groupes historiquement rivaux en Belgique. “Tout le monde est derrière l’équipe. D’ailleurs, on n’entend pas les nationalistes pendant la coupe du monde. Ça les dérange“.
À New York, où les rivalités sont moins présentes, les deux groupes se retrouvent aussi. “Dans les bars, on entend des chants en néerlandais et en français, mais tout le monde chante les deux“, observe Valérie-Anne Demulier, une entrepreneure belge qui a lancé le réseau pour femmes She for S.H.E dans la Grosse pomme.
Comme d’autres Belges interrogés, elle souligne que les relations entre les deux pays, qui partagent la langue, une frontière et de nombreux liens culturels, rendent ce match entre voisins spécial. “La majeure partie de mes potes sont français. Maintenant que l’on se retrouve en demi-finales, ça vanne un peu, reconnait-elle. On est proche de la France et des Français. On parle la même langue. Je suis contente que l’on joue l’un contre l’autre“.
Pour Dominique de Cock, une Belge new-yorkaise de longue date qui travaille dans le papier-peint, jouer contre la France est “très curieux“. “Je considère la France comme un pays ami, dit-elle, elle qui a aussi de nombreux amis français à New York. On va défendre notre peau. On ne va pas jouer à Mère Teresa avec vous !”
Un petit pronostic ? “On est a égalité“, assure-t-elle. Elle aurait aimé voir le match avec des Français, mais pas sûr que cela se produise. “On va se charrier jusqu’à mardi, indique Nicolas Van Heule. C’est chouette. Tous les francophones voulaient cette affiche. Que le meilleur gagne !” La France, c’est ça ?
Avec Maxime Aubin