Peinture, sculpture, photographie, film, danse… la nouvelle exposition du MoMA, comme son nom ne l’indique pas, n’est pas seulement consacrée au dessin. Ou du moins, pas au dessin tel qu’on le connait. Ici, il n’est pas seulement question d’une technique artistique, mais d’une forme d’art à part entière, regroupant plusieurs disciplines. Réalisées par une centaine d’artistes plus ou moins renommés, les quelques 300 oeuvres présentées, issues pour la plupart de la collection du MoMA, réinventent totalement la définition traditionnelle et conventionnelle du dessin.
Comme fil conducteur, la ligne, son élément de base, dont les artistes du XXe siècle vont explorer les possibilités jusqu’alors sous-estimées. Elle va peu à peu “sortir des frontières du papier”, pour reprendre les mots de Glenn Lowry, directeur du musée, pour devenir dynamique, en mouvement dans le temps et l’espace : tantôt fixe ou mouvante, tracée à l’encre, au fusain, ou même par le corps humain, comme ce danseur décrivant des lignes dynamiques sur la scène ou cet artiste qui en forme dans un champ.
Organisée de manière chronologique, cette exposition monumentale (il a fallu trois ans pour la mettre en place) se divise en trois sections, soit autant d’étapes dans cette quête esthétique. La première, « Surface Tension » présente l’élan artistique en devenir, qui se limite alors encore à une surface plane (papier, toile…). On remarquera les dessins de Kandinsky, dont l’essai Point et Ligne sur Plan (1926) a d’ailleurs inspiré le titre de la rétrospective, ainsi que ceux de Georges Braque et Pablo Picasso, révolutionnaires pour l’époque. En 1912, ces deux artistes furent d’ailleurs à l’origine de l’une des plus importantes innovations du siècle, en faisant du collage une technique artistique.
Dans « Line Extension », cette fois la ligne s’approprie l’espace, en relief mais aussi en temps réel. C’est entre 1923 et 1928, que le russe El Lissitzky s’affirme comme un des premiers de sa génération à visualiser une nouvelle géométrie de l’espace et du mouvement, et à faire tomber par la même occasion les frontières existantes entre architecture, peinture, dessin, et typographie. On en prend pleinement conscience quand on pénètre dans son Espace Proun (“Proun Room”), reconstitué pour la première fois au MoMa : une installation avant-gardiste qui nous confronte à une véritable expérience sensorielle. Ne manquez pas non plus les oeuvres signées Calder, Duchamp ou Klee de cette section.
La troisième et dernière galerie, intitulée « Confluence » présente enfin les travaux contemporains. Finalement, ces artistes d’aujourd’hui confirment l’interdépendance entre dessin, peinture, sculpture et performance, entre surface et espace, et surtout entre ligne et support, papier bien sur mais aussi mur ou sol.
Pensée comme un projet complexe, à la hauteur de la richesse de cette histoire, « On Line » s’étend aussi au delà des murs de la galerie, avec notamment un programme de lectures, discussions, performances en janvier et février.
On Line: Drawing Through the Twentieth Century
Du dimanche 21 Novembre 2010 au lundi 7 Février 2011
The Museum of Modern Art
11 West 53rd Street, New York, NY 10019
(212) 708-9400
Image: Julie Mehretu. Rising Down. 2008