Quelques semaines après l’autorisation par la California Public Utilities Commission (CPUC) de la libre circulation des robotaxis sans chauffeur à San Francisco, les touristes et certains locaux se sont presque habitués à leur présence.
Lancé il y a presque 10 ans, le concept de voiture autonome, longtemps en phase de test, démarrait au mois d’août avec deux compagnies, Cruise, filiale de General Motors, et Waymo One, filiale du groupe californien Alphabet Inc. Trois mois plus tard, un pauvre chien écrasé, quelques accidents de piéton (mineurs) et les blocages entrepris par quelques activistes anti-robotaxis, ont légèrement revu la donne, obligeant notamment la marque Cruise (et sa flotte prévue de 300 voitures) à stopper ses activités, le temps d’améliorer sa sécurité.
Désormais seules sur les routes, les voitures Waymo One embarquent donc les voyageurs, et nombreux touristes parmi eux, aux quatre coins de la ville. Un service pour le moment encore limité, et réservé aux bénéficiaires d’une invitation (à demander via le site ou l’application), sésame pour accéder aux voitures avant l’ouverture générale prévue à tous « dans les prochaines semaines », indique Waymo One.
Une fois invité, et une fois téléchargée l’application sur son mobile où il faudra préalablement entrer ses informations d’identification et son mode de paiement, il est donc possible, comme pour Uber ou Lyft, de commander son robotaxi en quelques clics. Disponibles sur une large partie de la ville (sur un périmètre délimité grossièrement au sud par l’autoroute 280, au nord jusqu’à l’entrée du Golden Gate et à l’est à l’entrée du Bay Bridge), les Jaguar électriques I-PACE Waymo One ressemblent à n’importe quelle autre voiture premium, à la différence de quelques équipements supplémentaires, soit 29 caméras disséminées à l’intérieur de l’habitacle, ainsi qu’à l’extérieur dont une rotative positionnée sur le toit, et deux autres latérales, lui donnant une allure robotique et sympathique.
Le robotaxi arrivé sur place, l’ouverture des portes s’obtient en appuyant sur la touche « unlock » de son application mobile. À bord, 4 places (les animaux sont interdits), un confort général satisfaisant, des éléments de portière en cuir, un coffre spacieux pour y loger deux valises, et un large toit partiellement panoramique qui ouvre sur le paysage. Une fois les ceintures bouclées, deux écrans tactiles (un pour le passager avant, l’autre pour les passagers arrière) invitent à démarrer la course (« start ride »), la voix presque charmante du robot générant l’explication de l’expérience.
Si les premiers mètres et le volant complètement autonome surprennent en général les nouveaux voyageurs, l’allure de croisière raisonnable et la dimension ludique des écrans font se laisser conduire sans stress. Outre la carte de navigation interactive et le temps d’estimation de la course affichés en permanence, l’écran invite à choisir sa musique via la touche « play music » et sa dizaine de playlists passant de compilations pop, jazz au classique ou au hip-hop, ceux qui souhaitent pousser le son et hurler y étant librement invités. Avec le téléchargement de l’application Google Assistant, chacun peut aussi écouter la musique connectée à son propre téléphone. Sur l’écran, une touche « support » propose aussi aux voyageurs d’être mis en contact rapidement à un opérateur en cas d’incident ou d’accident.
Si les règles d’usage à bord imposent le respect de la voiture, des écrans et des touches de contrôle sous peine d’intervention téléphonique d’un opérateur et du blocage éventuel de la voiture, chanter, hurler, crier, s’embrasser et même, faire l’amour, ne sont pas, en soit, prohibés. Une dernière mention dépendant de la longueur de la course choisie, et de l’acceptation implicite d’être filmé, la compagnie s’autorisant à voir les bandes filmées en cas d’incident, d’accident ou de détériorations à bord. Enfin, secrets de famille, d’espions, de politiciens peuvent être en principe partagés sans crainte. Chez Waymo One, seuls les appels audio réalisés avec le service support, faisant l’objet d’enregistrements.
En cinq courses testées dans les rues de San Francisco, avec un seul freinage légèrement franc à la clé, aucun incident n’a été constaté. En raison des embouteillages, la voiture a choisi à deux reprises un déchargement légèrement différent de celui demandé, et ainsi tenu compte des aléas de la circulation et de la voierie. Enfin côté prix, les trajets proposés à bord de la Waymo One étaient de 5 à 10% supérieurs à ceux proposés par Uber et Lyft sur un même parcours au même moment.