Passionnés par les États-Unis, David Beyrand et sa femme Marine ont souhaité vivre leur rêve américain en s’installant au pays de l’Oncle Sam. Ces Français, qui approchent la trentaine, ont tout quitté pour monter plusieurs boutiques de bijoux fantaisie en Floride, un projet d’investissement qui a fini par virer au cauchemar.
« Nous avions le désir de réussir, le goût de l’aventure et une grande fascination pour les États-Unis, pays de la démesure où tout semble possible », raconte David Beyrand avec une pointe de nostalgie. L’investissement n’était pas leur priorité, ils souhaitaient simplement vivre de l’autre côté de l’Atlantique. En 2011, le jeune couple franchit le pas sur un coup de tête. « Nous sommes venus sans visa avec un simple ESTA pour acheter une maison en Floride, sourit David Beyrand, le marché de l’immobilier était assez bas, il ne fallait pas hésiter à acquérir un bien ». Un pied-à-terre américain qu’ils espéraient transformer au plus vite en résidence principale. Pour s’installer de façon durable sur le territoire, le couple cible le visa E2, attribué aux investisseurs.
Une montagne de paperasse
Épaulés par un avocat d’immigration, ils établissent un business plan sur cinq ans indiquant leurs prévisions financières, leur modèle économique ou encore leur stratégie commerciale. « Cela coûte plusieurs dizaines de milliers de dollars et surtout beaucoup de temps, souligne David Beyrand, il faut reconnaitre que c’est aussi un sacré paradoxe car il est plus simple d’acheter une maison aux États-Unis sans être américain que d’obtenir un visa permettant de créer une entreprise ». Après de longs mois, les démarches administratives portent leurs fruits, les jeunes investisseurs obtiennent leurs visas et peuvent ainsi développer leur projet.
Par où commencer ? Comment s’y prendre ? Autant de questions auxquelles ils ont dû trouver les réponses. « Seuls et sans repères, nous ne savions pas vers qui nous tourner, confie David Beyrand, pour nous rassurer, nous nous sommes dirigés vers ceux qui nous étaient familiers, les Français déjà établis aux États-Unis mais malheureusement nous avons été mal entourés, car certains d’entre eux ne pensaient qu’à notre portefeuille”. Le couple indique avoir été mal conseillé concernant l’implantation de ses points de vente. “Nous avons été floués sur le prix du bail et sur les travaux à effectuer notamment, s’insurge David Beyrand, ils avaient tous de petits arrangements entre eux et quand nous avons découvert que nous avions été abusés il était déjà trop tard, nous aurions dû être plus vigilants ».
Un environnement de travail différent
Les jeunes investisseurs ont dû par ailleurs s’adapter aux conditions de travail des États-Unis, en particulier le contrat non-obligatoire entre un employeur et un salarié. La relation est dite at-will, signifiant que le patron peut licencier son employé sans motif, ni préavis et que le salarié peut démissionner de la même manière. Une flexibilité dont ils ont fait les frais. « Un matin, l’un de nos clients nous appelle car il s’étonne de trouver porte close en arrivant devant la boutique, raconte David Beyrand, notre employé avait quitté son poste du jour au lendemain sans nous prévenir ».
C’est la douche froide pour le couple qui avoue s’être parfois trompé dans ses recrutements. « Aux États-Unis, les codes ne sont pas les mêmes qu’en France, souligne David Beyrand, je pensais que mes salariés allaient être performants mais je me suis aperçu qu’ils cumulaient souvent plusieurs emplois pour payer les factures et qu’ils n’avaient aucun attachement à l’entreprise ».
Une hémorragie économique
Six mois après avoir ouvert une première enseigne, le couple en ouvre une seconde puis renouvelle l’opération jusqu’à posséder cinq boutiques entre Boca Raton et Fort Lauderdale en l’espace de trois ans. « Nous étions pris dans une spirale car au début nous obtenions des résultats positifs, ce qui était encourageant, note David Beyrand, mais cela n’était que la partie émergée de l’iceberg car nous avons vite essuyé de grosses pertes économiques ». En cause, ils évoquent en autres une mauvaise étude de marché. « On aurait dû être plus frileux et prendre le temps de la réflexion car le marché change rapidement et beaucoup plus vite que dans certains pays, indique David Beyrand, nous n’avions pas réalisé aussi que la Floride est un État saisonnier et que hors saison l’économie locale tourne au ralenti ».
Allant de déconvenues en déconvenues, leur moral commence à en pâtir. Au fil des mois, le chiffre d’affaires glisse dans le rouge les obligeant à se rendre à l’évidence. « Nous ne pouvions plus limiter les pertes, il fallait vendre toutes nos enseignes pour éviter le pire, regrette David Beyrand, une décision qui n’a pas été facile à prendre ».
Aujourd’hui le jeune couple souhaite tourner la page et espère rebondir en rentrant en France d’ici la fin de l’année. « Cette aventure restera une expérience extraordinaire, nous avons appris énormément et nous sommes à présent capables de mener différemment nos affaires, se félicite David Beyrand, nous retiendrons surtout que notre rêve américain avait un prix, et que parfois le jeu n’en vaut pas forcément la chandelle ».
0 Responses
C’est le grand classique devant l’Eternel … Les gens arrivent en Floride (ou aux US) ne parlent pas ou mal anglais, pensent qu’ils vont faire un tabac immédiatement, que les américains les attendent.
C’est incroyable, cette valse de Français qui arrivent à Miami et qui repartent en un ou deux ans pour les plus rapides et 5 ans pour ceux qui ne peuvent pas faire renouveler leur visa E-2. Le schéma est toujours le même, ils arrivent, vont au consulat (qui ne peut rien faire pour eux, c’est administratif) puis ils vont à la chambre de commerce et là lors d’une matinée rencontre trouvent un agent immobilier français, un comptable français, un avocat immigration français et un avocat business français. Ils ont trouvé les copains et les coquins. Ils achètent des produits français, mangent des macarons à la fameuse franchise, lisent le Monde et le Figaro et sont incapables de s’intégrer et après …. ils s’étonnent de ne pas avoir d’amis américains, ah ah ah !!!
Que de baratins, des deux cotes, c’est a dire d’une part des chanceux et d’autres part des courageux et talentueux.
En un mot , l’Amerique n’est pas un pays mais un systeme ou desormais tout est regle par un seul mot d’ordre: “de nos jours, il ne s’agit plus de combien vous en savez mais plutot de QUI vous connaissez “.
J’en connaissez un rayon a ce sujet et avec preuves a l’appui, je vis en Caroline depuis 26 and en tant que maitre artisan et artiste et de surcroit double nationalite. Faut plus rever.
Grosses bises a tous les Bretons d’Amerique.
Mais comment peut-on ENCORE partir aux USA sur un coup de tête…surtout pour des personnes qui se disent ‘investisseurs’… Rien d’étonnant à cela. Les USA, cela se prépare et surtout avant n’importe quel visa, bien s’assurer du plan B: retour à la case départ…Rien de nouveau, mais bon courage à eux, cependant.
C`est triste pour eux.
Mais je crois que C`est un problème de
motivation
Les adorateurs de Sarkozy qui viennent aux USA
pour vivre le capitalisme au carré.
On souvent de l`argent a dépenser, l`habitude
des plans a la françaises (aides de l`état, stages non payés, dérogation.)
Ici c`est sans filets ! , j`en ai vu des couples arrivé en conquérants,
repartir très discrètement, une vrai leçon d`humilité.
Par contre, ceux qui n`avaient rien. Que leur désir
de rester s`en sortent mieux, ils sont plus flexibles, s`adaptent mieux.
Je connais dans le sud-ouest, plusieurs entrepreneurs a succès qui n`avaient
rien en venant. Leur seuls problèmes est l`immigration, ils sont condamnés a
rester ici … mais c`est un
vaste territoire…
Mais arrêtez de mettre ça sur le dos des états ujus
Ce serait arrive n’importe ou… Ouvrir 5 magasins et se rendre compte qu’il y a une saisonnalité du marche est un cocktail explosif qui aurait explosé n’importe ou dans le monde….
Vous auriez du appeller Marcus Lemonis, The Profit guy…
J’adore cette histoire… Comme un air de déjà “entendu”… Ah les français! Bonne chance pour le retour en France!
Je suis un peu etonnee….je n’ai jamais entendu parler de leurs cinq magasins et je vis a Fort Lauderdale: aucune publicite, visiblement. le bouche a oreille fonctionne tres bien, ici. de plus, il y a regulierement des expos de bijoux fantaisie et s’ils avaient loué un stand, cela aurait pu les aider a se faire connaitre. quand a Miami…..no comment, c’est la jungle!
Eh bien entendu, en bons français, on se moque de façon méchante, voire méprisante pour la plupart. Ils ont, au moins, essayé de monter quelque chose. So French!
C’est courageux à eux d’avoir témoigné et partagé leur expérience. Se familiariser avec un pays, une ville, un marché, des règles du jeu différentes et spécifiques, s’intégrer en quelque sorte, peut prendre des années. Je leur souhaite bonne chance pour la suite, et peut-être qu’ils reviendront, mieux préparés et expérimentés.
Meme si je compatis (un peu), ce sont tout de meme des gros nuls que ces deux-là ! Que d’erreurs, que d’approximations !
Il ne faut pas croire que s’installer aux US et ouvrir un commerce est chose aisée! c’est plutot l’inverse qui se produit si vous n’avez pas avec vous des amis américains qui peuvent vous ouvrir les yeux et vous présenter du relationnel car ici tout est basé sur le relationnel. J’ai ouvert 2 cabinets de consultants mais cela a été très très difficile et puis il faut savoir aussi que lorsque vous prenez votre retraite OU cessez de travailler alors vous êtes invités à quitter les US, et çà personne n’en parle jamais !