Le legging, un vêtement de luxe ? C’est le pari lancé par Isabelle Alix et Noémie Blanchard, deux Françaises installées à New York (respectivement depuis trois et cinq ans) en alliant le confort du legging et l’élégance du cuir. Leur marque, Offtrack, se montre dans un magasin éphémère dans l’Upper West Side jusqu’au 31 mai.
« Ce qui nous a frappées à notre arrivée aux Etats Unis, c’est que tout le monde vit en leggings de yoga », souligne Isabelle Alix. Les deux Françaises, qui ont travaillé pour les grandes marques parisiennes sont vite séduites par l’esprit pratique de la mode new-yorkaise, sans vouloir pour autant renoncer au chic « made in France ». L’idée d’un legging en cuir, à la croisée de ces deux influences, germe alors dans leur esprit.
Diplômée de l’Institut Français de Mode de Paris (IFM), Noémie Blanchard a travaillé en France chez Givenchy, Saint Laurent ou encore Louis Vuitton en merchandising et développement produit (spécialité cuir). Habituée à faire le lien entre usines et ateliers de création, c’est elle qui a déniché le tanneur d’Offtrack, en Occitanie. Avec un passage chez L’Oréal, Biotherm et Helena Rubinstein (spécialité cosmétique), Isabelle Alix est d’avantage spécialisée en marketing et business development.
L’énergie et le vent de création qui souffle à New York les poussent chacune de leur côté à faire leurs valises et à quitter la France. Elles feront connaissance par des amis communs. Isabelle Alix est alors manager de magasin chez Isabel Marant et Noémie Blanchard s’occupe du développement produit en maroquinerie pour Narciso Rodriguez. Séduites par leurs parcours complémentaires et leur envie commune de rompre avec le monde de la mode et du marketing tels qu’elles les connaissent, les deux Françaises décident de faire équipe.
Démocratiser le luxe, voilà leur mot d’ordre. Les leggings sont lavables en machines – évitant le passage chez un professionnel généralement facturé de $100 à $150. Et le confort est au rendez-vous : inspirée par les modèles de sport, la couture en-dessous du genoux offre une plus grande aisance de mouvement. D’autant que le cuir d’agneau plongé (« le plus noble du marché ») proposé par leur tanneur a été choisi pour son caractère stretch.
Surtout, les deux Françaises cassent les prix en renonçant aux intermédiaires (leurs leggings sont uniquement disponibles en ligne ou dans les pop up stores). « Pour ça, on s’est inspirées du modèle DTC (Direct To Consumer) supprimant la marge que se font les revendeurs » indique Isabelle Alix. Développé par Everlane, Bonobos, Warby Parker ou encore Casper, ce business model offre aux consommateurs une plus grande transparence sur les prix. Evidemment, le luxe reste le luxe (compter $450 pour un legging en cuir et $375 pour un legging en suède) « mais une marque de luxe classique vendrait facilement ces leggings $2.000 ».
Ethique et local (les leggings sont fait main dans un atelier du Garment District à Manhattan), Offtrack cherche maintenant à se diversifier: couleurs, formes, leggings en cuir pour femmes enceintes… Les leggings de luxe pour tous. En tant que Françaises, elles ont pu profiter d’une légitimité naturelle dans le monde de la mode. « Alors qu’on mettait uniquement l’accent sur le produit au début, les Américains, notamment les investisseurs, nous ont fortement conseillé de mettre en valeur nos origines françaises. C’est de l’or entre les mains. Les Américaines sont attirées par l’élégance à la parisienne. »