Le géant – pour ne pas dire titan – de la grande distribution Walmart est partout aux Etats-Unis, mais pas à New York. Pourquoi ce petit village d’irréductibles continue-t-il à faire de la résistance ? C’est la question bête de la semaine.
“Walmart est mal vu par les petits commerces, sur lesquels elle a un impact négatif trop important” répond Thomas Angotti, professeur d’urbanisme à CUNY. Ce dernier a examiné l’ “effet Walmart” sur les villes et territoires où la marque s’est implantée. Suppression d’emplois, fermeture de petits commerces, recettes fiscales qui ne profitent pas à la communauté locale ou encore paupérisation des travailleurs: une longue liste de griefs sont énumérés dans un rapport de 2010 qu’il a co-écrit sur la question. “Les supermarchés et les magasins discounts ont été les industries les plus affectées, souffrant d’une baisse de 10 à 40% de leurs ventes après l’arrivée de Walmart sur le marché” , peut-on lire, entre autres mises en garde. “Même un seul Walmart à New York pourrait avoir un effet boule-de-neige et donner lieu à des conséquences négatives de long-terme sur l’économie de la ville et sur la classe moyenne, qui poursuit son déclin.”
En 2005, Walmart a tenté une ouverture à Rego Park (Queens), puis à Staten Island pour se heurter à une forte opposition syndicale et politique. En 2011, c’est dans le centre commercial Gateway II à Jamaica (Brooklyn) que Walmart refait une tentative. Avec le même résultat. “Nous n’aimons pas comment ils traitent les employés en matière de salaires et d’avantages sociaux. Nous n’en voulons pas dans notre communauté” , avait alors lancé Charles Barron, conseiller municipal.
Si les syndicats et les élus ne veulent pas de Walmart, les New-Yorkais ne seraient pas complètement contre. Un sondage datant d’août 2015 de Quinnipiac University montre que la majorité des habitants (55%) seraient favorables à ce que les autorités locales donnent leur feu vert à l’ouverture d’un Walmart à New York. Soixante-quatre pour cent des New-Yorkais se rendraient à Walmart si cela était pratique pour eux et 71% affirment que les prix bas de la marque pourraient bénéficier aux consommateurs. Ils reconnaissent aussi pour l’écrasante majorité d’entre eux (70%) que Walmart et ses prix pourraient pénaliser les commerces plus petits.
Quelle serait donc la stratégie envisageable pour Walmart ? Selon Thomas Angotti, “il faudrait syndicaliser les employés et augmenter leurs salaires, ce qui leur donnerait accès à une certaine stabilité et leur offrirait la possibilité d’avoir une assurance santé“. Un jour peut-être…