A l’achat ou à la location, depuis quelques années, les trottinettes électriques ont le vent en poupe et envahissent les rues des grandes villes américaines et européennes. Mais ce n’est pas le cas à New York. Pourquoi ? C’est la question bête de la semaine.
La réponse est simple : elles ne sont pas autorisées dans la ville. Une loi de 2004 interdit les vélos et trottinettes électriques, même dans les propriétés privées, et prévoit une amende de 500$ pour les contrevenants.
Ces derniers mois, plusieurs initiatives ont pourtant essayé de faire évoluer la législation en faveur de ces modes de transport dits de micro-mobilité électrique (transports souples et écologiques sur de courtes distances). En novembre 2018, suite à de nombreuses divergences politiques, le gouverneur de l’Etat de New York Andrew Cuomo a présenté un projet de loi permettant aux villes de décider elles-mêmes de la légalité des véhicules. Cependant, certains responsables locaux se sont inquiétés de l’application de ce projet de loi. Ainsi, le 9 avril, pas moins de trois “community boards” (conseils de quartiers) à Manhattan ont adopté des résolutions s’opposant au plan Cuomo, selon le site Streets Blog NYC.
Les community board 2 et 4, représentant Chelsea et Hell’s Kitchen, se sont montrés favorables à la légalisation des micro-mobilités électriques sous réserve de certaines conditions liées à la formation des utilisateurs, aux vitesses maximales et à la garantie que les véhicules seront utilisés et garés dans la rue et non sur le trottoir.
Le community board 8 de l’Upper East Side s’y est complètement opposé, toujours selon Streets Blog NYC, considérant les trottinettes et vélos électriques comme sources d’accidents. Dans un rapport publié le 6 février, Consumer Reports souligne que 1.500 personnes auraient été soignées suite à des accidents survenus en trottinette électrique aux Etats-Unis depuis fin 2007.
Les trois “community boards” restent toutefois préoccupés par la situation des livreurs pour lesquels le vélo électrique représente un moyen de subsistance. Il est difficile pour ces travailleurs en grande partie immigrés, utilisant le vélo électrique, de faire valoir leurs droits face aux géants de la livraison comme Grubhub ou Uber. Par conséquent, ils sont bien souvent obligés de payer leurs amendes et se retrouvent sans emploi lorsque la police new-yorkaise effectue une saisie de leur vélo.
Les community board 2, 4 et 8 ont donc demandé à la mairie de limiter les sanctions et ont approuvé la réduction de l’amende pour l’utilisation du vélo électrique de 500 à 100$. Ils ont également exigé que la ville finance et soutienne les livreurs afin qu’ils convertissent leurs vélos à moteur électrique en pédalage assisté. En effet, l’année dernière, la mairie a légalisé les vélos à pédalage assisté, qui ne peuvent pas aller au delà de 25km/h, à la différence des vélos à commande électrique, au fonctionnement similaire au scooter ou à la motocyclette. Ces derniers peuvent monter jusqu’à 45km/h et restent illégaux en vertu des lois de l’État et de la Ville.
Depuis, la dynamique est donc en grande partie bloquée, mais un nouveau projet de loi pourrait faire bouger les lignes. Le 23 avril, la sénatrice de l’Etat de New York Jessica Ramos et la députée Nily Rozic ont présenté une proposition de loi visant cette fois à légaliser les trottinettes et les vélos électriques dans l’Etat de New York, tout en permettant aux villes de les réglementer. Le projet de loi est toujours en discussion.
Si en parallèle, Bird et Lime, entreprises privées souhaitant s’implanter sur le marché des micro-mobilités à New York, ont beaucoup investi dans le lobbying tant au niveau de l’Etat que de la ville, la trottinette électrique reste donc interdite au même titre que le vélo électrique. Patience cependant, leur légalisation n’est pas impossible.