De la création d’écrans pour les taxis français à une application de Hangout, il y a un monde. Surtout pour Guillaume Zarka. “Combien de fois je me suis moqué des gens qui faisaient des applications ! “, s’amuse ce trentenaire aux allures de gourou-surfeur.
Et pourtant, début 2016, il lance oOlala, une app de rendez-vous instantanés qui permet à des inconnus de se rencontrer pour faire une randonnée, bruncher ou surfer. Celle qu’il surnomme “le snapchat du hangout” permet d’échanger de façon originale avec les personnes qui se trouvent autour de vous. Mais Guillaume Zarka refuse que l’on compare oOlala à une application de “dating”. “Ce concept est has been, lâche-t-il. oOlala peut supporter des vidéos. On filtre les personnes via Facebook, suivant les liens, l’âge, la distance, le sexe. Cela permet de rencontrer des gens dans son périmètre, et de créer des interactions locales.”
Les plusieurs vies de Guillaume Zarka
Avant d’en arriver là, l’homme à la barbe folle a eu plusieurs vies. Alors qu’il est devenu le spécialiste des écrans et du “dispatching” (distribution digitale) de courses pour les taxis à l’âge de 20 ans, le retard de la 3G en France et les grèves des syndicats court-circuitent son nouveau projet de radio-taxi.
Lassé, il décide de tout quitter pour se réinventer à Los Angeles. Mais une proposition de l’Oréal va bouleverser ses plans en 2005. “Ils m’ont demandé de développer un nouveau produit : des écrans de publicité sur les lieux de vente. 70.000 unités ont été produites. Pendant sept ans, ça a été le rodéo. Je faisais l’inspecteur des travaux finis dans les usines en Asie“, raconte cet autodidacte.
Alors que tout lui réussit (côté amour également), Guillaume Zarka change de vie. “J’ai eu un choc lors de la visite d’une usine en Chine, j’y ai vu l’horreur. Faire de l’argent c’est bien, mais je voulais être en harmonie avec moi-même.”
Pas le temps de méditer. En 2013, le Parisien décide de tout arrêter pour suivre ses aspirations : les Etats-Unis. “Mon meilleur ami était en train d’ouvrir de nouveaux salons de coiffure à Los Angeles ( Twist by Olivier). Il m’a demandé de l’aider dans la logistique et le commercial.” Il démarre alors cette nouvelle vie, durant un an et demi. “Ca m’a beaucoup amusé”. Cette réincarnation lui aura surtout permis de confirmer son coup de foudre pour Los Angeles.
“Cherche copain pour surfer”
“Los Angeles, c’est comme se tremper dans un bassin d’acide chlorhydrique. Quand tu en sors, il ne reste que ce que tu es vraiment”, s’exclame Guillaume Zarka. Malgré cette connexion incroyable avec la ville, il n’en est pas autant avec la population. “Je cherchais à rencontrer du monde. Mais j’ai un accent, une culture, je ne suis pas accro à la gym et je ne rêve pas d’être acteur“, ironise-t-il. Par curiosité, il essaie les applications. Sans succès. “Les réseaux sociaux créent de la frustration et nous déconnectent de la réalité. Alors quand il y a un manque, il faut l’inventer.”
Il réfléchit alors à une application de “hangout”. Avec un ami, ils dessinent quatre mock-ups (prototype d’interface utilisateur). Par hasard, il entame une discussion avec un inconnu dans les toilettes d’un restaurant et lui présente ses prototypes. L’homme en question n’est autre que le directeur d’une entreprise de logiciels prospère, et deviendra le principal investisseur de Guillaume Zarka.
Les choses s’enchaînent : le Français s’entoure de développeurs qu’il invite à vivre en communauté sous son toit, et travaille sur oOlala. A l’automne 2015, une première version pour IoS sort, suivie de la définitive en janvier 2016. Pour ce lancement, l’application réalise une levée de fonds de 500.000 dollars. “Aujourd’hui, la boîte est valorisée à 5 millions de dollars“, argue Guillaume Zarka, qui va réaliser une deuxième levée de fonds dans les mois à venir.
Avec une centaine de milliers de téléchargements et 25 % d’utilisateurs réguliers, cette application bénéficie de bonnes vibrations. Mais c’est davantage son interface sphérique, pour laquelle Guillaume Zarka a déposé un brevet, qui pourrait lui ouvrir les portes du septième ciel. “Le co-fondateur d’Apple, Steve Wozniak, l’a adorée.” Car elle révolutionne la manière de lire l’information. “Depuis 1973, on scrolle nos ordinateurs de haut en bas, comme un journal. Il était temps que cela change“.