Antonin Baudry se glisse dans une salle en chantier, au rez de chaussée du bâtiment des Services culturels de l’Ambassade de France, sur la 5eme avenue. Une demi-douzaine d’ouvriers est sur le pied de guerre pour terminer Albertine, la très attendue librairie que l’Ambassade va ouvrir au public le 27 septembre. Le diplomate se faufile dans un escalier étroit, barré d’une bâche en plastique. A l’étage, une toile circulaire représentant le système solaire et de la voie lactée se déploie au plafond. “Ça va être émouvant. Quand les premières personnes vont venir regarder les livres, ça va être quelque chose“, dit le conseiller culturel, qui a porté le projet.
Albertine sera la première librairie exclusivement française et francophone à New York depuis la fermeture en 2009 de la Librairie de France, au Rockefeller Center, en raison notamment d’un loyer trop élevé. Pas moins de 14.000 ouvrages en français ou traduits en anglais y seront disponibles. Parmi eux des livres anciens, rares voire rarissime (le plus ancien date de 1571), des ouvrages pour enfants (Babar notamment), des classiques, des nouveautés…
Mais pas Merci pour ce moment, le livre de Valérie Trierweiler qui divise les libraires en France. “On commandera les livres que les gens voudront. Ce n’est pas le problème. Mais on ne va pas le mettre sur un présentoir”, indique Antonin Baudry, insistant sur le caractère non-commercial du futur espace.
Albertine aura mis du temps à arriver. Le projet, suivi par Nicolas Sarkozy lui-même, a passé l’alternance politique de 2012. L’obtention d’autorisations a retardé son ouverture, initialement prévue pour l’automne 2013.
Pour l’ouvrir, 5,3 millions de dollars ont été récoltés auprès d’entreprises et de mécènes comme Total Corporate Foundation, LVMH, Van Cleef & Arpels, Air France et Lalique. Albertine emploie trois personnes, dont François-Xavier Schmit, le fondateur de la librairie toulousaine L’Autre Rive, recruté pour en assurer la direction.
“Elle coûtera zéro euro au contribuable français“, assure Antonin Baudry, qui précise que les coûts de fonctionnement seront couverts par les ventes de livres. Contrairement à la Librairie de France, tuée par une augmentation foudroyante de son loyer, “nous ne payons pas de loyer, rappelle-t-il, ce qui est un atout majeur à New York“. Et côté prix? “On va essayer de coller aux prix français, d’être le moins cher possible en jouant sur plusieurs circuits d’approvisionnement et la négociation avec les éditeurs“.
La librairie sera officiellement inaugurée par Laurent Fabius le 26 septembre. Il participera à un débat sur le changement climatique avec Charles Ferguson, le réalisateur et producteur d’Inside Job, le documentaire sur la crise financière. Autre temps fort: l’organisation d’un festival du 14 au 19 octobre qui rassemblera des penseurs français et américains comme le créateur de la série Mad Men Matthew Weiner, l’écrivain Emmanuel Carrère, le mathématicien Cédric Villani, le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, le réalisateur Olivier Assayas, ou la dessinatrice et réalisatrice Marjane Satrapi.
“On veut être plus qu’une librairie, souligne Antonin Baudry. Les librairies qui tiennent le coup sont des librairies qui ne sont pas que des librairies. Ça sera un espace de culture et de débat. Il y a aura des discussions, des signatures, des rencontres avec des penseurs, des cinéastes…”
Dans l’immédiat, la librairie permet aux Services culturels de rester au 972 Fifth Avenue, dans un hôtel particulier qui date de 1902, à l’heure où l’Etat français multiplie la vente de ses propriétés à New York (l’appartement de son Ambassadeur à l’ONU et sa townhouse au 1143 Fifth Avenue). “Le bâtiment n’est plus en vente, précise Antonin Baudry. Le fait de lui donner une nouvelle vie, un nouveau souffle est un élément qui le pérennise. On passe d’un bâtiment de l’administration, fermé, à un lieu de culture ouvert au public. C’est une valorisation du patrimoine de l’Etat.“
0 Responses
Mais qui ira jusqu’au Consulat pour consulter et acheter des livres ? Quelle idée bizarre …
La librairie n’est pas au Consulat mais au service culturel de l’Ambassade.
Ah bon ? C’est juste à côté ….
Je suis assez d’accord. En plus c’est un quartier sur mal déservi par les transports en commun. C’est vraiment encore un truc réservé à une élite
Exactement. Je suis bibliothécaire universitaire et je m’étonne de cette entreprise désuète et insensée du point de vue commercial.
Je m’excuse, mais si tu n’arrives pas à marcher les 8 minutes qu’il faut depuis l’arrêt à la 77 et Lexington de la ligne 6 du métro, hé ben peut-être tu ferais mieux d’habiter ailleurs.
Juste une idée: pouvez-vous imaginer, si l’on considère l’énorme dépense de cette entreprise dans un endroit loin d’un quartier d’affaires, ce qui aurait été accompli par le financement d’un même projet à la célèbre Librairie de France au Rockefeller Center qui existait depuis 1928, presqu’un siecle? Difficile à comprendre.
Et le nom référence à Proust est aussi globalement crétin! Enfin bref vive kinddle et amazon!