De l’hiver suédois à la douceur de la baie de San Francisco, l’environnement d’Elsa Rodriguez a changé. La nouvelle directrice du campus de Sausalito du Lycée Français de San Francisco, écoles maternelle et élémentaire, vient en effet de passer cinq ans au Lycée Français de Stockholm.
Mais si le choc climatique est certain, il ne sera pas éducatif. « Il y a une multitude de points communs entre les deux écoles », note Elsa Rodriguez.
En effet, les deux établissements sont conventionnés auprès de l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE) et homologués par le ministère de l’Éducation nationale, et s’inscrivent donc dans le vaste réseau de près de 500 écoles françaises dans le monde.
Comme à Stockholm, la directrice dit avoir retrouvé à San Francisco “le très fort engagement des familles dans l’école”. Mais le principal point commun concerne le public accueilli par l’école. En effet, de nombreux élèves n’ont pas le français comme langue première ce qui nécessite d’« avoir une réflexion sur la maitrise de la langue orale notamment. »
Elsa Rodriguez va donc tout particulièrement apporter son expérience au programme d’immersion destiné aux enfants qui n’étaient jusqu’alors scolarisés dans le système éducatif français. Le FLI (French Language Immersion), lancé au LFSF l’an dernier, offre un point d’entrée dans le système en école élémentaire.
Car en matière de bilinguisme, comme dans toute les questions d’éducation, la sagesse populaire n’est pas forcément la meilleure conseillère: non tout ne se joue pas forcément avant 7 ans !
Certes, de nombreuses études scientifiques montrent les avantages du bilinguisme précoce sur le cerveau, mais si vos enfants n’ont pas intégré une maternelle bilingue, il n’est pas trop tard à 7, 8 ou 9 ans. Car au moins autant que l’âge d’exposition à une autre langue, c’est son intensité et les modalités d’apprentissages qui comptent et font la différence.
C’est cette philosophie qui est derrière le programme FLI (French Language Immersion) tel qu’il est enseigné au Lycée Français de San Francisco. Cette classe, animée par une enseignante spécialisée dans l’enseignement du Francais langue étrangère et Francais langue de scolarisation, accueille des enfants du CP au CM2 (admission du CP au CM1) pour une introduction douce, progressive et individuelle de la langue. Le programme s’adresse soit à des enfants déjà exposés au français mais jamais scolarisés dans une école française, soit encore à des enfants non francophones mais maitrisant déjà une autre langue (ce qui permet un transfert de compétences).
L’une des motivations principales pour intégrer le FLI est souvent la réalisation, par les familles, que parler Français à la maison “ne suffira pas”. L’oubli de la langue maternelle est un phénomène bien connu des spécialistes qui «peut être total si une seconde langue devient dominante avant 8 ou 9 ans », âge auquel un enfant sait lire et écrire, affirme Barbara Abdelilah-Bauer, auteur du Défi des enfants bilingues. Bien des familles françaises expatriées qui avaient d’abord choisi l’école “monolingue” pour leurs enfants, préoccupés qu’ils étaient de leur permettre d’apprendre au plus vite l’anglais, s’aperçoivent que développer un bon niveau de Français quand celui-ci n’est qu’une “langue minoritaire” -parlée seulement à la maison, et parfois par un seul des deux parents- est une gageure.
La règle des 25 heures
Les querelles de spécialistes (ou de moins spécialistes) ne manquent pas quant à la “bonne méthode” qui permettrait, à la maison, de garantir le bilinguisme, et donc la sauvegarde de la “langue minoritaire” (celle qui ne domine pas l’environnement social). Entre partisans de l’OPOL (One parent-one language, où chaque parent parle sa propre langue avec l’enfant) et ceux de la MILAH (Minority Language at Home, qui préconise que seule la langue minoritaire soit parlée à la maison, même si elle n’est pas la langue maternelle des deux parents), les spécialistes arrivent en réalité à la même conclusion: ce qui compte, c’est moins le système employé que le temps passé dans la vie de l’enfant à pratiquer la langue en question ainsi que la qualité des interactions. Et là, entre constations empiriques de parents et recherche universitaire, une règle non écrite a fini par se dégager: pour espérer atteindre le bilinguisme, il faut que la « langue minoritaire » occupe au moins un tiers du temps éveillé de l’enfant, ce qui équivaut à environ 25 heures par semaine (ou 3 à 4 heures par jour). Pour la plupart des familles, le calcul est vite fait: en dehors de l’école, point de salut, en tout cas impossible d’arriver au temps nécessaire pour atteindre le bilinguisme.
D’un point de vue pédagogique, cette nécessité horaire se traduit dans le système dit de l’immersion. Cette philosophie a vu le jour au Québec, lors de la “Révolution tranquille” francophone dans les années 1960, mais ce sont des anglophones qui en sont à l’origine. Convaincus que leurs enfants ne pourraient pas réussir au Québec sans maîtriser la langue de Molière, ils se sont battus pour imposer l’enseignement “en immersion” en français dans leur école anglophone. Depuis, l’immersion bilingue a fait école bien au-delà des frontières du Canada et est devenu le modèle incontournable. Tel qu’il est pratiqué dans le programme FLI du LFSF, il s’agit d’immerger les enfants en Français pendant plusieurs heures par jour, dans différentes disciplines dans le but de leur permettre de rattraper en quelques mois le niveau des enfants qui ont reçu un enseignement en français depuis la maternelle. Cette approche est individualisée en proposant à chaque élève un emploi du temps adapté à ses besoins en langue française. Le FLI est donc temporaire, et dure en général de quelques mois à deux ans, selon les enfants. Au terme de cette période, les enfants intègrent à temps plein une classe “normale” francophone et pourront suivre l’ensemble du curriculum.
L’autre nouveauté qui tient à cœur à Elsa Rodriguez est la toute récente “Petite Ecole”, lancée à la rentrée de septembre 2017. Elle s’adresse aux enfants de 2 à 3 ans, le matin seulement, “et répond notamment à la volonté de parents qui ne souhaitaient pas laisser leurs enfants toute la journée. C’est vraiment une classe de transition entre la crèche et l’école maternelle”. La toute nouvelle classe accueille déjà neuf élèves; d’autres vont les rejoindre d’ici aux vacances de Noël.
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