Storm Trooper grimé en prêtre hindou, Geronimo portant l’armure d’Iron Man ou encore Wolverine relooké en samouraï. Derrière ces personnages mystérieux se cachent deux artistes de rue parisiens tout aussi énigmatiques : Noty Aroz. Les trentenaires profitent de la Miami Art Week afin de présenter « Mythologeny The Exhibition », leur première exposition solo aux États-Unis.
« La génération Y est orpheline de leaders spirituels car la science a considérablement modifié notre relation aux mythes fondateurs avec par exemple Sigmund Freud qui a théorisé le complexe d’Oedipe, explique Noty, diplômé en écriture et analyse scénaristique. Nous avions donc besoin de nouvelles divinités, des idoles 2.0, afin de nourrir l’imaginaire et de comprendre le monde qui nous entoure ».
Partant de ce constat, les deux jeunes hommes, qui se sont rencontrés sur les bancs de l’école primaire, ont imaginé une nouvelle lignée de figures iconographiques. Cette démarche artistique, qu’ils nourrissent depuis près de quatre ans, est intitulée Mythologeny. « C’est la contraction des mots mythologie et génération Y, précise Noty. Il s’agit donc d’une mythologie contemporaine, cosmopolite et surtout à l’image du monde actuel ».
Chacune des divinités créées par Noty Aroz est issue du mélange entre des personnages de fiction comme les super-héros les plus emblématiques et des symboles de civilisations ancestrales. « C’est le concept même du syncrétisme fictif, insiste Noty. Nous fusionnons deux cultures, l’une populaire et l’autre sacrée, afin d’en créer une troisième ».
Ainsi, avec El Murciélago, leur première création, les artistes de rue confrontent Batman à la symbolique de la fête des morts au Mexique. « Les deux univers sont intimement liés puisque pour eux la notion du bien et du mal subit une inversion manichéenne symbolique, raconte Noty. Batman est un héros mais il est sombre, violent et solitaire, et dans la culture mexicaine la mort est célébrée en musique avec de la couleur et des fleurs ».
En alliant anthropologie et analyse scénaristique, Noty Aroz a d’ores et déjà donné naissance à une dizaine de figures iconographiques. Des divinités qui découlent exclusivement de personnages masqués. « Le masque, qu’il soit de super-héros, de rite chamanique ou encore mortuaire, confère à l’humain des capacités exceptionnelles et représente notre rapport à Dieu, ajoute Noty. Il permet aussi à chacun de pouvoir facilement s’identifier au personnage puisque n’importe qui peut se cacher derrière ».
S’apparentant à des totems contemporains, leurs créations sont confectionnées à l’aide de planches de bois découpées à la main avant d’être peintes à la bombe aérosol et au pochoir. « Avec l’industrialisation qui prend souvent le dessus sur la création, il serait facile d’utiliser une imprimante 3D ou une découpe laser, souligne Aroz, qui a étudié les arts plastiques. Nous mettons donc un point d’honneur à employer des méthodes de fabrication artisanales car nous souhaitons aussi renouer avec les traditions ancestrales ».