Une fois n’est pas coutume, l’actualité judiciaire française occupe les gros titres de la presse américaine. Il y a bien sûr l’ouverture du procès contre l’Église de la Scientologie (NY Times, CNN ), mais aussi l’affaire Ilan Halimi, assassiné sauvagement il y a trois ans. Pour Meg Bortin, dans le New York Times, il est stupéfiant qu’un tel procès soit interdit au public (selon la loi française, il en va ainsi lorsque les accusés sont mineurs au moment des faits). Pas de médias, pas de débats, regrette-t-elle. “La culture du secret” ne s’accorde pas avec la démocratie.
Le constat est désastreux: de 6 millions de lecteurs après guerre, la presse française est passée à 1,5 millions aujourd’hui. Pas étonnant que Bruce Crumley dans le TIME Magazine consacre un long article à la mort annoncée des quotidiens nationaux. Le prétexte: ce jeudi de l’ascension, Libération n’est pas paru en kiosque pour faire des économies d’impression. “French Newspapers do face problems of their own”. Pourtant, rien de très nouveau avec la concurrence d’Internet et des gratuits, et la baisse du lectorat. En vertu de la loi selon laquelle l’Europe suit l’exemple américain avec quelques années de retard, Bruce Crumley prédit ainsi pour la presse hexagonale une situation au moins aussi catastrophique qu’aux États-Unis. A la différence près que, si les quotidiens américains vont survivre grâce à “la flexibilité et l’innovation“, les Français vont s’enfoncer dans la crise à cause de “leur rigidité“.
L’économie française toujours, avec Edward Cody qui rapporte de Menton pour le Washington Post. A travers l’exemple de deux retraités, il explique comment les aides sociales permettent “d’immuniser contre la crise“. Enfin de la reconnaissance pour le système de redistribution à la française!, a-t-on envie de s’exclamer. Pas si vite, l’étranger n’accorde qu’un “respect réticent” à ce principe d’intervention de l’État , et “réticent“, c’est tout à fait le ton de ce très dense article. C’est à raison, explique le journaliste: au moment de la reprise, la France sera alors pénalisée par son manque de compétitivité. Cela a beau être la crise, le “free market” aura le dernier mot.
Économie et diplomatie dans Newsweek, avec un post qui passera sûrement aussi inaperçu que son sujet. La France s’impose en Irak au détriment des États-Unis. Ce n’est pas sans rancœur que le journaliste annonce cela. Son pays “a beau faire la guerre en Irak”, c’est la France qui gagne la bataille des parts de marché. Et double ses représentations diplomatiques sur place.
Dans World Politics Review, un magazine contributif sur l’actualité politique mondiale, Arthur Godhammer, membre du centre des European Studies à Harvard et fin connaisseur de la culture française, revient avec nuances sur deux ans de présidence Sarkozy. Il tente d’expliquer un paradoxe bien français. Alors qu’il a mis en place la majorité de son programme de réforme, le chef de l’État récolte aujourd’hui plus de 70% d’opinions négatives. Et pourtant, plus que jamais, les Français placent en lui leurs espoirs et espèrent sa réélection pour 2012. Les variables politiques sont denses, mais pour l’éditorialiste, il ne fait plus aucun doute: “In many ways, Sarkozy has proved to be his own worst enemy“.
A l’opposé de cette analyse politique, les article “people'” sur le président français fleurissent sur la toile américaine. Il y a d’abord les commentaires moqueurs sur la vidéo de son intervention lors de rencontre à l’Elysée entre Carla Bruni et les journalistes de Femmes Actuelles (Examiner NY, CNN). The Digital Journal, spécialisé dans l’actu du net, retient quant à lui que Sarkozy veut se donner une image “modern and funky guy” avec sa nouvelle page facebook. “Si vous êtes un die-hard Nico Fan, vous allez désormais pouvoir devenir son ami, au coté de plus de 97 995 autres internautes“. Le président est en effet une star du web, à l’inverse, selon la rumeur, de Chirac “qui sait à peine se servir d’un ordinateur“, et Ségolène Royale “tellement imbue d’elle-même que cela fait longtemps qu’elle a arrêté de se faire des amis“.