À 37 ans, l’attaquant français de Tampa Bay s’est qualifié pour les finales du championnat de NHL qui ont lieu en ce moment aux États-Unis. Il peut devenir le deuxième Français à remporter la prestigieuse Stanley Cup après Cristobal Huet en 2010.
Son homonyme, le regretté Pierre Bellemare, se serait fait un plaisir de raconter l’histoire si particulière du hockeyeur français. Né dans une famille très modeste en banlieue parisienne, Pierre-Édouard Bellemare fait ses débuts sur la glace à six ans à Montpellier, avant de revenir en région parisienne où il joue dans un club de Viry-Châtillon. « Adolescent, il passait trois heures par jour dans le métro et le RER, entre la cité où il habitait, le collège, et la patinoire. Et se faisait quotidiennement contrôler par les policiers, qui prenaient sa crosse pour une arme », raconte le journaliste Yann Hildwein dans L’Équipe. Élevé avec quatre frères et sœurs par une mère célibataire, le jeune homme s’accroche à son rêve et finit par décrocher son premier contrat professionnel à Rouen en 2002 dans la ligue Magnus. Il reste quatre ans dans le championnat français où il gagne deux fois la Coupe de France en 2003 et 2004 ainsi que le Championnat de France en 2005.
Il tente ensuite sa chance en Suède où il est mis à l’essai à Leksand, un club de deuxième division. Mais rien ne se passe comme prévu. « Ça n’a pas été facile. On m’a beaucoup regardé de haut, comme le petit jeune qui arrive de l’étranger et qui ne parle ni anglais ni suédois », expliquait récemment Pierre-Édouard Bellemare en conférence de presse. « J’ai appelé ma mère en lui disant que je voulais tout arrêter, mais elle a trouvé les mots pour me convaincre de transformer cette expérience en quelque chose de positif ». À Leksand, le hockeyeur français retourne l’opinion du vestiaire et de son coach qui l’engage jusqu’à la fin de saison. L’attaquant restera finalement trois ans au club, où il décrochera le titre de meilleur buteur du championnat en 2008. Ses bonnes prestations lui ouvriront ensuite les portes de Skellefteå en élite suédoise, où il remportera deux fois le titre national en 2012 et 2013.
2014 est l’année de la consécration pour Pierre-Édouard Bellemare, qui est recruté par Philadelphie au sein de la prestigieuse NHL à l’âge de 29 ans. « À ce moment, les gens ont commencé à se rendre compte que j’étais un bon joueur. Parce que Philadelphie ne serait jamais allé chercher un joueur aussi vieux sans raison », raconte-t-il. En huit ans aux États-Unis, Bellemare a connu quatre clubs dont Las Vegas, avec lequel il a atteint une première finale de Stanley Cup en 2018 (défaite 4-1 face à Washington). Il a ensuite joué au Colorado pendant deux ans avant de rejoindre le double champion en titre Tampa Bay cette saison. Il totalise 587 matches pour 56 buts et 67 passes décisives dans la ligue américaine, et représente aussi l’Équipe de France depuis 2004.
Hasard heureux, il retrouve ce mois-ci en finale de Stanley Cup son ancienne équipe, Colorado. « Ça ne me paraît pas difficile d’affronter d’anciens coéquipiers. Je suis assez concentré, du fait que j’ai déjà perdu en finale et que je n’ai pas envie que ça se reproduise », commente-t-il. S’il gagne, Pierre-Édouard Bellemare rejoindra un autre Français au palmarès des vainqueurs, Cristobal Huet. L’ancien gardien des Bleus, légende vivante en Amérique du Nord, a remporté le trophée lors de la saison 2009-2010 avec Chicago.