La bande dessinée, Jerem Febvre est tombé dedans tout petit…« J’ai été bercé par Franquin, le papa de Gaston Lagaffe, et pendant toute ma jeunesse, je ne me suis jamais endormi sans lire une BD. Aujourd’hui, j’ai la chance de pouvoir collaborer avec de nombreux auteurs de BD que j’admire et d’en découvrir plein d’autres, grâce à Newmisma. »
Le 15 mai prochain, le serial entrepreneur qui a déjà touché aux jeux vidéo en ligne, au marketing et à la pub, ou encore à la banque, se lance dans le monde de la bande dessinée avec la nouvelle start-up qu’il a co-fondée, Newmisma. « Le but est de créer une communauté autour de la bande dessinée, qui rassemble les auteurs et les fans du 9ème art. Pour démarrer, nous mettons en ligne une collection d’oeuvres virtuelles originales, que l’on peut acquérir sous forme de NFT (NDLR: Non Fungible Tokens, ou jetons non fongibles). »
Pour les novices, les NFT sont des titres de propriété que l’on acquiert grâce à des crypto monnaies, et qui donnent accès à une oeuvre ou du contenu virtuel.
Pour son lancement, Newmisma a choisi de frapper fort, avec une collection de 27 oeuvres originales qui rendent hommage au peintre américain réaliste Edward Hopper. Nighthawks est réinterprété par Frank Margerin, Serge Ernst, Eric Hérenguel, tandis que Bloz, Sandrine Revel, Morgann Tanco réinventent House by the railroad. « Chaque oeuvre sera disponible en édition limitée, sous forme de dix NFT. Ces NFT seront vendues en ethereum, qui est la deuxième plus grosse crypto monnaie, pour un prix avoisinant les 700 euros pièce. En échange, l’acheteur récupère un certificat d’authenticité et de propriété, et peut télécharger l’oeuvre en haute définition. Le marché de l’art s’ouvre ainsi aux objets virtuels. »
Pour accompagner les fans de ces auteurs de bande dessinée à faire leurs premiers pas dans ce monde du Web 3.0 et des NFT, une prévente est organisée à partir du 1er mai, avec une équipe de support prête à les aider à créer leur porte-monnaie virtuel et comprendre le fonctionnement des jetons. Pour y accéder, il faut préalablement faire partie de la communauté qui suit ces artistes.
L’idée de Newmisma a commencé à germer dans l’esprit de Jerem Febvre pendant l’été 2021. « J’expliquais à plusieurs de ces auteurs de bande dessinée la folie de ce marché des NFT, et comment cette nouvelle forme de capitalisation des oeuvres avait explosé aux Etats-Unis, permettant à de nouveaux auteurs de se faire connaître. Ils se sont montrés curieux d’explorer une méthode de diffusion de leurs oeuvres qui permet de toucher le public différemment », explique le co-fondateur de Newmisma. Sept auteurs se sont immédiatement manifestés pour participer au projet. La thématique autour d’Edward Hopper a été définie début 2022. « Puis on a assisté à une sorte d’emballement, avec soudainement 25 auteurs intéressés ! »
Pour ces créateurs de bandes dessinées, l’intérêt est multiple : ils peuvent diffuser des oeuvres originales par le biais d’un nouveau média, et ainsi étendre leur communauté de fans, tout en intégrant un modèle économique plus avantageux pour eux. « Les auteurs recevront une plus grosse part du gâteau, environ 90% du prix de vente de chaque NFT, car les transactions se font sans intermédiaire. En outre, le NFT contient un “smart contract” qui définit les royalties associées à chaque oeuvre, et que l’auteur touchera à chaque fois que l’oeuvre changera de main. »
Par ailleurs, une plateforme comme Newmisma remet les créateurs et les utilisateurs au coeur du système : « A la différence du Web 2.0, où le contenu était créé par les utilisateurs et centralisé par les plateformes, le Web 3.0 fonctionne plus comme un collectif avec une décentralisation des décisions : chaque personne qui participe à la communauté reçoit des “tokens” qui lui donne un poids décisionnel et un pourcentage de distribution de l’argent de la plateforme. »
A terme, Jerem Febvre ambitionne de créer une nouvelle crypto monnaie réservée à la bande dessinée, d’où le nom “Newmisma” qui fait référence à la numismatique, la science de la monnaie.
Composée de sept personnes, Newmisma a décidé de se lancer sur les propres fonds de ses cinq co-fondateurs, avant de lever des fonds ou de rejoindre un incubateur : « Nous voulions d’abord lancer notre première collection afin de trouver nos marques et nous concentrer sur la création d’une communauté autour de la BD, au lieu de passer ce temps à démarcher des investisseurs. Cette stratégie semble payer car nous sommes déjà sollicités pour lever des fonds…»