Quand la skyline de New York s’offrira à son regard, après une grosse semaine de traversée, Yoann Richomme ne sera pas tout à fait dépaysé. Le navigateur français de la Team Paprec Arkéa a en effet passé son adolescence aux États-Unis. Il y fera son retour, comme plusieurs autres navigateurs, à l’occasion de deux courses dont l’enchaînement va offrir aux passionnés de voile l’opportunité d’admirer de près les bateaux parmi les plus puissants de la planète.
La Transat CIC, qui s’élancera de Lorient le dimanche 28 avril, arrivera à New York autour du vendredi 10 mai. Trois semaines plus tard, le mercredi 29 mai, la New York – Vendée permettra aux navigateurs de faire le chemin inverse, des États-Unis vers la France. Entre temps, les bateaux seront disséminés dans plusieurs marinas de la Grosse Pomme, accessibles aux regards des plus curieux (programme et localisations bientôt disponibles sur French Morning).
Ces deux courses n’offriront pas seulement l’arrivée ou le départ dans le cadre prestigieux et spectaculaire de New York. Elles possèdent également un intérêt sportif : elles sont qualificatives pour le Vendée Globe 2024 (départ le 10 novembre). La New York – Vendée est même une émanation de la prestigieuse course autour du monde en solitaire, portée par les mêmes organisateurs.
Yoann Richomme, lui, est déjà qualifié. Il doit juste prendre le départ d’une Transat pour valider son ticket. Cette traversée aller-retour va lui permettre de se roder dans l’optique du Vendée Globe, une des rares courses qui manque encore à son palmarès (vainqueur de la Solitaire du Figaro 2016 et 2019 et de la Route du Rhum 2018 et 2022). « Chaque instant passé sur l’eau nous permet d’apprendre et de progresser, confie-t-il en Zoom depuis sa Bretagne. Les Transats nous permettent de nous comparer aux autres sur de grandes distances, de s’habituer au bateau, d’en voir les qualités et les défauts et de trouver les améliorations. »
Le but : se rapprocher de la fiabilité maximum, pour éviter la casse le jour de la course. « Le Vendée Globe est une grosse course à la fiabilité, appuie le navigateur. Les bateaux sont des monstres de vitesse et si on doit s’arrêter pour réparer, on perd beaucoup trop de terrain et ça nous met immédiatement hors jeu. » Pour cela, la traversée de l’Atlantique constitue la préparation rêvée : des courants très forts, des eaux difficiles à apprivoiser, et des éléments imprévus.
« L’aller est potentiellement plus difficile, estime Yoann Richomme. On va face aux tempêtes et à l’encontre des vents. C’est plus violent. Historiquement, c’est une course où il y a eu beaucoup de casse. Le retour est dynamique mais comporte moins de risques. » L’arrivée près des côtes américaines mettra sur la route des bateaux d’autres écueils : les nombreux cétacés qui peuplent ces eaux. « Il y a beaucoup de baleines ou de Mola Mola, un poisson-lune pesant 3 tonnes de cartilage et détruit tous nos bateaux dès qu’on le tape », précise le skippeur.
Yoann Richomme n’a jamais trop navigué près de New York mais il connaît bien les eaux plus au sud : il a vécu avec sa famille de ses 15 à ses 19 ans aux Etats-Unis, près de Philadelphie. « On avait un bateau dans la Chesapeake Bay (estuaire entre les Etats de la Virginie et du Maryland), raconte-t-il. Quand on est revenu en France, en 2000, on a fait la traversée de l’Atlantique en bateau, avec mon père et ses deux frères. J’ai fêté mon anniversaire le 12 juillet au beau milieu de l’Atlantique. » C’était sa première Transat. Près d’un quart de siècle plus tard, sur des IMOCA un peu plus puissants (des monocoques de 18 mètres de long), Yoann Richomme reviendra un peu sur les traces de son passé.