Si à Paris les terrasses de cafés et de restaurants vont pouvoir accueillir à nouveau des clients à partir du mardi 2 juin, la réalité est tout autre à New York. La ville pourrait commencer à rouvrir très partiellement lundi 8 juin, ce qui signifie que les bars et restaurants n’ouvriraient pas avant, au plus tôt, début à mi-juillet. Face à cette contrainte, le conseil municipal pousse pour trouver des solutions rapides en s’inspirant du modèle parisien.
« La restauration souffre autant que n’importe quel autre business à New York. On a besoin d’une solution urgente de relance », estime Manuel Reynoso, élu dans la circonscription de Brooklyn. Accompagné par le porte-parole du conseil municipal Corey Johnson, les deux hommes ont introduit un projet de loi mardi 28 mai pour l’ouverture des restaurants sur l’extérieur. « Notre espoir c’est que les trottoirs, certaines rues, places publiques et parkings puissent être investis par des tables de restaurant cet été », explique Corey Johnson.
Le texte est soutenu par le NYC Hospitality Alliance, qui représente plusieurs milliers de restaurateurs à New York. « Nous voulons pousser le maire [Bill de Blasio, ndlr] à établir un cadre pour identifier les endroits appropriés où les restaurants pourraient vendre des aliments et des boissons à l’extérieur », explique son président Andrew Rigie. « Ça demande à ce que nous travaillions avec le Département des Transports concernant la régulation du trafic routier, et avec le Département de la Santé pour le respect des mesures d’hygiène et de distanciation sociale. »
Cette proposition de loi pourrait changer radicalement le paysage new-yorkais cet été, comme l’explique Manuel Reynoso. « On veut des terrasses ouvertes partout, devant les grandes chaînes de restaurants de Midtown, mais aussi pour les petits cafés du Bronx, de Staten Island ou de Bushwick. » D’autres villes américaines s’inspirent déjà de l’exemple parisien, comme Cincinnati dans l’Ohio, ou San Francisco, dont le maire autorise depuis mardi 26 mai les bars et restaurants à s’étaler sur les trottoirs, dans certaines rues et sur certains parkings.
A New York, Bill de Blasio a admis mardi 26 mai en conférence de presse que « l’extérieur allait jouer un grand rôle dans la réouverture des restaurants ». Mais cette annonce arrive très tard selon Corey Johnson, qui estime que le maire tarde à s’emparer du sujet. « On doit parfois le pousser à avoir des idées créatives et on manque globalement d’une vision sur ce que va devenir New York dans les prochaines semaines. » Le porte-parole du Conseil municipal ajoute que son texte sera voté d’ici à la mi-juin.
Les New Yorkais vont-ils pour autant se ruer en terrasse cet été ? Oui, si l’on en croit le nombre des gens qui sirotent déjà des cocktails sur les trottoirs devant les bars de Manhattan. Non pour Frédérick Lesort, qui était le directeur des opérations de la chaîne de restaurants italiens Cipriani jusqu’en avril dernier. « En France, les cafés-terrasses font partie de notre culture. Ici, beaucoup moins. Est-ce que les New-Yorkais seront assez en confiance pour venir malgré le virus ? Je ne suis pas sûr, d’autant qu’on ne pourra pas compter sur les touristes. » Pour l’entrepreneur français, qui a eu plusieurs restaurants à Manhattan, le coronavirus a été le révélateur des failles du métier. « Il ne suffit pas d’ouvrir des terrasses car le problème est structurel. Il réside dans le prix délirant des loyers, des assurances, dans l’augmentation du SMIC horaire du personnel. Toutes ces charges rendent impossible d’exercer à New York. »