De la quasi-destruction à la renaissance verte, l’histoire de la High Line new-yorkaise est un conte de fée urbain. En 1980, après le passage du dernier convoi de marchandises, trois wagons de dinde surgelée, plus personne ne donnait cher pour la High Line, même pas pour sa démolition: elle n’a jamais été détruite, car personne ne voulait payer.
Heureusement, peut-on aujourd’hui s’exclamer en toute bonne conscience. A partir des années 80, cette ancienne voie ferrée surélevée, qui s’étire le long de l’Hudson River de la 34ème rue au Meatpacking District, devient un jardin sauvage, laissé à l’abandon et ignoré de la plupart des new-yorkais. Construite en 1934 pour désengorger le trafic marchand de la Tenth Avenue, surnommée alors “The Death Avenue“, la High Line ne connaitra jamais une activité commerciale intense, menant bien vite à son oubli.
En 1999, le maire Rudy Giuliani finit même par faire voter sa démolition. Mais entre-temps, deux habitants du quartier, Robert Hammond et Joshua David, ont saisi le potentiel d’une telle promenade aérienne. D’abord, parce que l’époque des entrepôts de viande et des docks à Chelsea n’est plus, et que ces quartiers sont en plein embourgeoisement et reconversion arty. Ensuite, parce que les précédents internationaux ont réussi, notamment La Promenade Plantée à Paris, aussi connue sous le nom de Coulée Verte, qui s’étend de l’Opéra Bastille au Bois de Vincennes.
Sur l’exemple de l’est parisien, Robert Hammond et Joshua David fondent “Friends of the High Line” et proposent un projet complet de réhabilitation de la voie ferrée. Un buzz médiatique et l’intervention de quelques “people” plus tard, et le tour est joué. Qui aurait envie de s’opposer à la transformation d’une ancienne friche commerciale en un jardin? Coût estimé du projet: 170 millions de dollars.
Plus qu’un serpent de verdure, la High Line est devenue un concept et un quartier. Désormais, vous n’irez plus “à Chelsea” ou “près de l’Hudson”, mais dans le “High Line District”. Il faut dire que dans le sillage du parc, de nombreux autres projets se sont mis en place, et pas des moindres. L’inauguration de la première partie de la High Line ce 9 juin coïncide avec l’ouverture du très attendu Standard Hotel du millionnaire Andre Balazc. A son terminus sud (Gansevoort et Washington Streets), l’extension downtown du Whitney Museum est attendue pour 2012. A quelques pas, il y a aussi le Gansevoort Plaza, ouvert depuis 2008, et le High Line Building, un immeuble d’affaire entièrement en verre. Les architectes ne sont autres que Renzo Piano (Whitney), Jean Nouvel (immeuble d’habitation, 11th avenue et 19ème rue), ou encore Frank Gehry (siège social de la compagnie IAC, 18ème rue et 11ème avenue).
Coté pratique, la High Line est un parc uniquement piéton (vélos et rollers interdits), de 2.33 kilomètres de long, ouvert de jour comme de nuit. Les points d’accès, escaliers et/ou ascenseurs, sont situés tous les deux ou trois blocs. Les concepteurs du projet ont voulu rester fidèles à l’esprit d’un jardin secret. Les plantations recréent, dans un désordre soigneusement étudié, une végétation sauvage et parsemée de mauvaises herbes. Outre ces touches vertes, le point fort de la High Line, c’est sa vue: à l’ouest, l’Huson River et la skyline du New Jersey, et à l’est, les toits du lower Manhattan.
En partant du Sud, la première partie de la High Line, de Gansevoort Street au Standard Hotel, est intitulée “the Gansevoort Woodland”. C’est un passage de végétation dense, grâce aux nombreux arbres hauts. De la 14ème à la 15ème rues, il y a peu de verdure mais un “sundeck” pour bronzer et profiter d’une vue sans obstruction sur l’Hudson River. A cet endroit, les bancs ont intelligemment pris la forme de transats. La High Line traverse ensuite le Chelsea Market (15ème et 16ème rues). Ce sera un espace d’expositions temporaires. Après la 16ème rue, la promenade traverse en diagonale la 10ème Avenue: un square a été aménagé, avec des parois en verre au-dessus de la circulation. Direction ensuite la 20ème rue, et c’en est déjà terminée de la première moitié de la High Line qui s’ouvrira mi-juin. La seconde partie, de la 20ème à la 34ème rue, est attendue pour 2010.
Pour les premières semaines, l’accès est limité: la circulation des piétons s’y fera du sud vers le nord. Entrée recommandée par l’escalier de la rue Gansevoort. Ascenseur à la 16ème rue (et à la 14ème à partir de juillet).
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