Iced coffee dans une main et un grand sourire aux lèvres, Florent (prénom changé à la demande de l’intéressé) profite de ses premiers mois à New York. Début février, ce quadragénaire a quitté une situation très confortable à Paris pour suivre son épouse, mutée à Manhattan. « Avec nos deux enfants, nous habitions un vaste appartement dans le XVIe arrondissement. Je travaillais dans une banque et j’ai démissionné », raconte-t-il. « Mais je ne regrette rien. On aime beaucoup la vie ici, le dynamise, le sourire, l’enthousiasme des Américains. Même si financièrement, c’est un sacré investissement ! »
Vivre à New York coûte cher, très cher. Avec ses loyers exorbitants et son coût de la vie élevé, The Big Apple est considérée comme la ville la plus chère des États-Unis. Et on a beau être préparé, la réalité fait souvent mal.
Dans le XVIe arrondissement parisien, Florent vivait dans près de 110 mètres carrés. À New York, « nous habitons près de Time Square, dans un appartement qui doit faire 80 mètres carrés, indique-t-il. « Nous payons 7.000 dollars de loyers, deux fois plus qu’à Paris ». Et, s’il est satisfait de l’école franco-américaine de son fils, « elle coûte autour de 40.000 dollars l’année. Sans compter la crèche de ma fille, environ 3.000 dollars par mois ».
En tant qu’expatriée, l’épouse de Florent reçoit 4.000 dollars par mois en housing allowance de la part de son entreprise, qui couvre aussi les frais de scolarité de son fils à hauteur de 25.000 dollars par an. « Les aides de mon épouse durent trois ans. Cela me laisse largement le temps de retrouver un emploi », estime le Français.
Selon la base de données en ligne Numbeo, le salaire moyen après impôts à New York est d’environ 5.700 dollars par mois, et d’environ 3.125 dollars (2.916 euros) à Paris. Mais à Paris, ville la plus chère de France, un appartement avec un salon et une chambre coûte en moyenne 1.456 dollars (1.359 euros). L’équivalent new-yorkais monte à 4.300 dollars.
Côté transports, un pass Navigo parisien coûte environ 90 dollars (86 euros) par mois. À New York, pas de forfait mensuel, vous devez débourser 2,90 dollars à chaque trajet. Si vous utilisez le sans contact de votre téléphone, les trajets sont gratuits, chaque semaine, après 34 dollars dépensés. Mais cela représente quand même 136 dollars par mois !
Globalement, le coût de la vie est supérieur de 25% côté américain. Les courses sont en moyenne 20% plus chères qu’à Paris, et les restaurants 30%.
Comme Florent, Claude, tout juste 60 ans, cherche un emploi. Avec sa femme et son fils de 11 ans, ils se sont installés à New York en août dernier. S’il peste contre son loyer de 8.000 dollars, il est particulièrement contrarié par la nourriture new-yorkaise.
Le couple débourse environ 1.300 dollars par mois en courses. En France, ils habitaient à Colombes, à côté de Paris, et sortaient souvent au restaurant. Une habitude perdue outre-Atlantique. « Pour 50 euros, on mangeait très bien », se souvient Claude. « Ici, vous pouvez payer le double et être complètement déçu. C’est généralement trop gras, trop lourd. En dix mois, j’ai perdu 13 kilos ! »
Mais Claude se dit heureux à New York, une « ville fantastique ». Le Français apprécie la multitude d’offres culturelles proposées, cette fois à moindre coût. « Comme j’ai ma carte de résident, je peux payer le montant que je souhaite pour accéder aux musées publics », indique-t-il.
Les musées de New York, Christine, la cinquantaine, les connaît bien. Au point d’avoir décroché un poste de volunteer au Metropolitan museum. « J’ai un visa H4 qui ne m’autorise pas à avoir une activité rémunérée. Bien que mon poste au MET ne soit pas payé, il est valorisé comme un vrai job. »
Avec sa petite dernière et son mari, enseignant chercheur embauché à New York University (NYU), Christine s’est installée à Manhattan en août dernier. Leur appartement à Washington Square appartient à l’université. Grâce à son loyer sponsorisé et contrôlé, ils ne déboursent que 2.300 dollars chaque mois, sans risque d’augmentation les prochaines années. Un avantage pour la famille, qui ne pensait pas avoir à débourser entre 40.000 et 55.000 dollars pour l’année scolaire de leur fille.
« Notre situation nous permet de vivre confortablement, même si la moitié du salaire part en impôts, taxes et cotisations. Les restaurants sont aussi trop chers pour ce qu’ils offrent » estime Christine. « Le niveau sonore est trop élevé. La course aux ‘tips’ incite les serveurs à faire tourner les services rapidement pour accueillir plus de clients. »
Mais comme Florent et Claude, Christine apprécie sa vie new-yorkaise, louant le dynamisme de la ville et la multitude d’offres culturelles. Pour elle, New York est la ville des extrêmes, où il est facile de débourser des centaines de dollars en une soirée, comme pour les « spectacles fantastiques » de Broadway, et tout aussi simple de profiter de concerts et d’expositions gratuits, sur les grandes avenues et près des lieux touristiques.