Le chausson de papi n’est pas condamné à mort. Au contraire, il renait de ses cendres. “Notre projet, c’est de revisiter la charentaise, et de lui donner un aspect moderne”, affirme Jean-Luc Bouriau, patron de la société La Charentaise Tcha, qui débute la commercialisation, aux Etats-Unis, de ce fameux chausson. Des pantoufles inventées dans la province de Charente au XVIIème siècle, surnommées “les silencieuses”, car elles permettaient de se mouvoir sans bruit sur le parquet.
Les “Tcha” sont bien différentes de leurs ancêtres. Objets artisanaux de luxe (à partir de 150$ la paire, quand même), elles sont issues du travail de designers réunis par l’Institut Francais de la Mode. En partenariat avec des fabricants, ces créateurs ont imaginé une collection avec de belles matières (cuir, lin, peau d’agneau…), qui a emporté beaucoup de succès.
De là est née en 2008 l’entreprise La Charentaise Tcha, qui vend ses chaussons colorés dans 80 points de vente en France, en Italie et au Japon. Des produits “made in France”, cousus dans les Charentes, sur des machines qui datent des années 50. Cet été, la charentaise Tcha va aussi lancer une collection qui ressemble à des espadrilles et que l’on peut porter à l’extérieur.
“Aux Etats-Unis, nous vendons en ligne depuis le mois de mars, et nous sommes présents dans un magasin à Brooklyn, Dry Goods. Et ça marche bien ! On se place en particulier sur le marché du cadeau, pour hommes, femmes et enfants”, affirme Antoine Bourgeois, un Français de New York qui travaille chez L’Oréal, et dédie ses soirées et ses week-ends à promouvoir la charentaise. Sa cible : les familles new-yorkaises relativement aisées et branchées, mais aussi les personnes âgées, intéressées par des semelles ultra-confortables.
Passionné par les méthodes de fabrication de ce chausson, qu’il considère comme un produit d’excellence française, cet ingénieur espère aussi “aider les Charentes, une région qui souffre” – une contrée dont il n’est pas originaire mais dont il a épousé la cause. “Finalement, ce qui me plait, c’est de mettre en avant l’histoire et la qualité d’un produit français, de jouer sur un côté vintage, et qui peut être fun, dit-il en désignant ses pieds, chaussés de charentaises bling-bling, entièrement argentées. C’est un modèle un peu particulier !”