Du nettoyage des plages à celui de votre peau, il n’y a certainement pas qu’un pas, mais pour Nessim Zouaoui, un lien, celui de l’envie d’entreprendre toujours et encore. Après avoir créé une ONG environnementale en Tunisie -vite devenue l’une des plus grandes du pays-, il lance cette semaine aux États-Unis 2250, une nouvelle marque de cosmétique qui promet, grâce à l’intelligence artificielle, de vous livrer des produits exactement adaptés à votre peau.
« Je suis ‘industry agnostic’, résume le Franco-tunisien, façon de dire que c’est l’entrepreneuriat qui l’intéresse avant telle ou telle industrie. Après ses études en école de commerce et d’ingénieur en France, il créé une startup, Lya, qui ambitionne d’utiliser l’intelligence artificielle pour connecter les individus et lutter contre l’isolement urbain. Puis il retourne dans sa Tunisie natale où il créé Tounes CleanUp, d’abord dans le nettoyage des plages des plastiques, puis dans la reforestation.
Parallèlement, il cherche une nouvelle idée de business à créer. « Avec mon co-fondateur (le Mexicain Fernando Braun), on a fait des recherches et on s’est rendu compte que la beauté était à la fois une immense industrie (160 milliards de dollars par an), extrêmement résiliente et, en même temps, qui se distingue par un taux d’insatisfaction très élevé : jusqu’à 50% des clients ne sont pas satisfaits des produits qu’ils utilisent. »
Les deux compères décident donc de créer des produits de beauté sur-mesure. En 2020, ils lancent Hishi, une crème hydratante personnalisée. Après avoir rempli un questionnaire pour déterminer leur type de peau, les clients reçoivent chez eux une crème spécifiquement adaptée, parmi 15.000 versions possibles. Le service est disponible exclusivement sur abonnement. La formule prend, mais pas assez pour faire la différence dans un secteur hautement compétitif. Surtout, tout repose sur la pertinence des réponses au questionnaire, souvent trop approximative. Pour améliorer l’offre, Nessim Zouaoui décide de sortir l’erreur humaine de l’équation. Et du même coup de surfer sur la vague beauty-tech qui s’empare de l’industrie depuis quelques années, en mettant l’intelligence artificielle au service de la beauté.
Au questionnaire, il ajoute la technologie de traitement de l’image qui sur la base de la photo prise par le consommateur permet de déterminer dix facteurs cutannés (acné, rougeurs, type de peau, âge de peau…). La nouvelle marque, 2250, est donc lancée cette semaine avec 3 catégories de produits (crème hydratante, sérum et nettoyant visage). Une fois le type de peau déterminé, le produit est fabriqué sur mesure dans le laboratoire de la marque, installé San Antonio au Texas, à partir de 70 ingrédients actifs, pour un potentiel de 1000 combinaisons possibles pour chaque produit. Des ingrédients qui, assure l’entrepreneur, sont tous garantis « propres ».
Car en s’intéressant au secteur de la beauté, Nessim Zouaoui n’a pas pour autant renoncé à ses convictions écologistes. « D’abord, le seul fait de personnaliser les produits permet de réduire considérablement le gaspillage : aujourd’hui jusqu’à 40% de ce qui sort des usines du secteur est invendu et finit à la décharge. Avec la personnalisation, nous ne produisons que ce qui est commandé. Donc pas d’invendu ni de gaspillage ! ». En outre, grâce aux emballages en verre qui se gardent et son rechargés tous les deux mois, le packaging est diminué de 70 % par rapport aux cosmétiques traditionnels.
Pour lancer la nouvelle marque, les deux entrepreneurs associés ont levé un million de dollars auprès d’une dizaine d’investisseurs (un fonds de Dubaï, une famille mexicaine et plusieurs angels américains). Prochaine étape, si le succès est au rendez-vous de ce lancement, un tour de table plus ambitieux d’ici à un an car, dit l’entrepreneur pressé, « dans ce secteur de la beauté il faut aller vite pour réussir ».