Elle se racle la gorge une fois, puis deux. S’excuse en riant d’interrompre notre interview téléphonique. On risque un « ça va ? » auquel elle répond spontanément : « oui merci ! Mais je n’arrête pas et ma voix fatigue ! ». Soudain, on l’entend poser le combiné, s’éloigner rapidement, se racler la gorge, encore, puis s’écrier : « M….E ! » à l’autre bout de la pièce. Elle reprend le téléphone, s’excuse platement, à nouveau. La voix s’est éclaircie. « Enfin ! », s’amuse-t-elle.
Sympa, Jane Birkin. Naturelle, pas star. Exactement comme on l’imagine. French Morning avait droit à 15 minutes – pour ne pas fatiguer sa voix, nous a-t-on précisé. Finalement, lancée sur le sujet de ses dernières trouvailles littéraires (Murakami, un japonais pardi !), on aura droit à un peu plus. Généreuse en paroles (c’est bien connu)…mais en actes, aussi.
Muse, comédienne, chanteuse, icône et peut-être avant tout : femme engagée. Depuis le début de sa carrière, on a vu Jane Birkin sur tous les fronts : la peine de mort, les sans-papiers, la libération d’Aung San Suu Kyi, la Palestine… et plus récemment le Japon. C’est d’ailleurs au peuple meurtri par le drame de Fukushima, qu’elle dédie sa tournée internationale 2011-2012 « Serge Gainsbourg et Jane Birkin via Japan ». La dame fait escale à Town Hall, à New York, le 11 décembre.
Tandis qu’on célèbre « Serge » cette année, 20 ans après sa mort , « Jane » a donc décidé de donner du sens à sa tournée, au delà de la commémoration : « D’autres ont proposé leur point de vue sur son œuvre, ils ont présenté leur “Serge”… et j’ai remis ça de côté choisissant d’observer ce que faisaient les autres. Et puis il y a eu la catastrophe au Japon d’une horreur incroyable (…) Que faire ? J’ai alors pensé ” vas-y, va leur dire qu’on pense à eux d’ici “. La seule chose que je pouvais leur offrir était un concert».
Mais un concert un peu particulier. Après avoir revisité le répertoire “gainsbourien” de mille et une façon, cette fois, c’est avec des musiciens japonais qu’elle honore son mentor et rend hommage au courage des victimes du tsunami, alors que le drame ne fait plus aujourd’hui la Une des journaux. « Les Japonais sont un peuple très discret et très digne. Je ne veux surtout pas les victimiser. Faire de la musique avec eux et communier avec le public, c’est ma façon à moi de leur montrer qu’on ne les oublie pas ».
Il faut dire qu’entre l’artiste et le Japon, il y a une longue histoire : « Mon premier concert au Japon c’était il y a 40 ans ! Sans Serge…à cette époque nous étions séparés”, confie t-elle. Si elle est très attachée au pays, les japonais lui rendent bien : « Je suis restée plus de six mois numéro 1 des ventes au Japon, parce qu’une de mes chansons était le générique d’une série super connue là-bas… Depuis si je ne la chante pas, le public japonais la réclame. Drôle non?».
Elle qui adore New York – « surtout Central Park et une petite boutique de vêtements de deuxième main sur Bowery street…et puis… les New Yorkais ! Leur façon de dire ‘take care’… » – c’est avec impatience qu’elle attend de faire découvrir la ville à ces acolytes japonais : « Ce qui m’épate chez eux, c’est leur curiosité et leur ouverture sur le autres. A chacun de nos voyages, ils sont les premiers à goûter les plats locaux, jamais fine bouche comme nous les Français…alors, les emmener à New York ça va être quelques chose ! ». Quand à nous, on a hâte de découvrir sur scène la facette japonaise de notre Birkin internationale.
Infos pratiques :
Concert de Jane Birkin « Serge Gainsbourg & Jane via Japan ». Le 11 décembre 2011 à 19h30. Town Hall – 123 West 43rd Street entre 6th et 7th Avenue – Réservation en ligne ici