Vincent, la trentaine, sort tout juste de prison et souhaite se réinsérer. Pour cela, il se rapproche de Charlie, sa sœur, qui tente de joindre les deux bouts financièrement tout en caressant le rêve de devenir artiste. Tout semble aller progressivement pour le mieux mais l’instabilité émotionnelle de Vincent risque de briser ce fragile équilibre.
Tel est le pitch des “Drapeaux de papier“, le film que Nathan Ambrosioni a écrit et réalisé à 18 ans seulement. Il viendra le présenter le 27 avril à Greenwich (Connecticut) dans le cadre du festival Focus on French Cinema. À 19 ans aujourd’hui, la presse ne cesse de le comparer à un certain Xavier Dolan. « Ça me flatte, mais ce n’est que l’âge qui nous lie. Pour moi, c’est un maître dans son art et je ne fais pas ses films à lui. On me compare à un réalisateur qui a maintenant 10 ans de plus que moi et huit films à son actif », sourit-il.
Ces premières armes de cinéma, il les a faites quelques années plus tôt. Après son premier choc cinématographique, le film “Esther”, il se lance dans la réalisation de deux films d’horreur: “Hostile” et “Thérapy“. Des “terrains d’expérience“, selon lui. Les films de Xavier Dolan l’inspirent à aller plus loin.
L’idée des “Drapeaux de papier” lui vient à la lecture d’un article paru dans Libération sur la difficulté de ré-insertion des ex-détenus dans la vie active. « C’est la façon dont l’article parlait de cette liberté enfin acquise et du problème qu’elle allait poser qui m’a beaucoup touché, explique Nathan Ambrosioni. N’ayant pas de repères, Vincent (le personnage du film ndlr) reste encore enfermé pendant une grande partie du film ».
Etranger au milieu du cinéma, Nathan Ambrosioni frappe alors à la porte de toutes les sociétés de production qu’il peut trouver. Une seule lui répond favorablement. Cette audace, le jeune cinéaste souhaite la nuancer : « c’était plus de l’inconscience que de l’audace, et je n’avais rien à perdre », explique-t-il.
Sorti en France en février, le film est accueilli favorablement par la critique et les spectateurs. Beaucoup ont été emballés par l’histoire, les personnages et surtout cette photographie si soignée qui trahit la passion de Nathan Ambrosioni pour les photographies de Stephen Shore et de William Eggleston. “Des scènes entières sont nées de leurs photos”.
Nathan Ambrosioni a achevé l’écriture de son prochain film avec Audrey Diwan. Il ne manque plus que le financement. À 19 ans, il a l’avenir entre ses mains.