“Je veux aider les victimes de violences domestiques ou d’agressions sexuelles, où qu’elles soient, à se sortir de leur situation”. A l’instar d’une avocate, Nathalie Neville se bat pour les droits de femmes étrangères abusées par leurs maris américains. Elle a créé son association à but non-lucratif International Victims Action Center à Portland. Cette Française de 52 ans organisera le samedi 6 avril une levée de fonds à Yorba Linda (Californie).
Ce n’est pas le mouvement #MeToo qui l’a inspirée, mais sa douloureuse histoire personnelle. Tout a démarré sur le sol texan quand, à 17 ans, cette fan de “Star Wars” et d'”E.T” est victime d’une tentative de viol par le père de la famille où elle est placée lors d’un échange scolaire. “L’agence voulait me renvoyer, car comme souvent, c’est la faute de la victime”.
Après avoir quitté la famille, elle multiplie les expériences douloureuses: un mariage (puis un divorce) avec un Américain qui se révèle “possessif, agressif et physiquement violent”, harcèlement et tentative de viol de la part d’un employeur lors d’un salon à Las Vegas, puis un nouveau mariage avec un individu “odieux verbalement, alcoolique et violent”. “En vieillissant, je suis devenue forte; et je ne voulais plus que mes filles voient ces situations, voire pire, trouvent ça normal.” A 43 ans, elle divorce à nouveau, perd la garde de ses enfants, se retrouvant encore au point de départ, “sans country club, ni grande maison”.
Après avoir tenu une boutique pendant 6 ans, elle commence une énième vie. La Française déménage alors à Portland, où elle vit une histoire amoureuse épanouie. Sur la côte Ouest, elle commence à s’impliquer dans une association qui aide les femmes victimes de harcèlement sexuel et de maris violents.
Mais elle déplore “une victimisation des victimes” et un manque de solutions. “J’aime aider les gens qui sont dans la m…”, revendique-t-elle, “c’est aux Etats-Unis que j’ai appris à me battre pour survivre.” Elle rencontre alors le militant Bazzel Baz, un vétéran de la marine américaine et ancien membre d’un groupe d’opérations spéciales de la CIA qui s’occupe de la réadaptation d’enfants qui se sont fait enlever. Elle se retrouve à l’appuyer dans une opération pour aller sauver la femme violentée d’un homme fortuné au Brésil. Une mission qui la pousse à créer son agence International Victims Action Center, début 2018.
S’occupant d’une dizaine de femmes, Nathalie Neville “se bat pour les aider à trouver des solutions”. “Je m’intéresse aux étrangères sous l’oppression d’Américains car ce fut mon cas. On ne comprend pas toujours la culture du pays, on est isolée par l’abuseur.” Elle cite notamment le cas de femmes commettant l’erreur de partir hors du pays avec leurs enfants, qui se retrouvent accusées de les avoir kidnappés : “elles risquent la prison et de perdre la garde”.
Finançant son association avec un temps partiel de professeure de français dans une école, et par les levées de fonds, elle espère que le gala du 6 avril lui permettra de “devenir plus forte financièrement pour pouvoir payer des billets d’avion, faire imprimer des passeports d’urgence, avoir un avocat à temps plein”. Le combat ne s’arrête pas.