« Il est Sex Addict. Oui, c’est ça insiste-t-elle, il a un problème avec le sexe. » Voilà, elle a trouvé. Depuis le temps qu’elle cherchait : Sex Addict.
Il y avait la série Californication pour éveiller sa conscience mais franchement trop éloigné de sa réalité. Le coup du père-divorcé-sexy-écrivain, c’est too much. Il y a eu l’arrestation spectaculaire de Dominique Strauss-Kahn. De nouveau, l’affaire est trop énorme pour s’identifier. Bien qu’on y parle d’un homme de pouvoir, d’apparence respectable. C’est un Français aussi, justement de passage à New York. Et puis, il y a eu ce film choc, « Shame ». L’histoire d’un Golden Boy comme Big Apple en produit des milliers. L’addiction sexuelle fascine, c’est indéniable. Avec une telle mise en scène, on aurait presque envie de l’être, sex addict ! Bref, ce qui l’a fait souffrir depuis si longtemps porte enfin un nom ; quel soulagement ! Elle l’a dit. Ou plus exactement, elle a osé le dire. Elle expire un grand coup, répète son diagnostic. Pour me convaincre ? Non, je n’en ai pas besoin. Ce que j’entends, ce qui m’interpelle aussi, c’est son soulagement.
« Je m’en suis voulue pendant des années de ne pas être à la hauteur de ses demandes. Il ne cesse de me dire que tout le monde le fait, que c’est normal, que je suis coincée. » Comment peut-elle savoir s’il a raison ? Avec qui se comparer ? Qu’est-ce qui est normal et qu’est-ce qui ne l’est pas ? Pour lui faire plaisir, elle s’habitue progressivement à ses exigences sexuelles, se plie à tous ses fantasmes, accepte de vivre de nouvelles expériences libertines. « Mais ça ne m’excite pas et ne m’apporte pas vraiment de plaisir. Je n’ai même plus de désir. Il le voit bien mais renforce son attitude en espérant me le susciter. C’est tout le contraire qui se produit !». Pendant tant d’années, elle s’est sentie responsable et complexée. En fait, le balancier était cassé. Comment pourrait-elle libérer son désir, il en a pour deux ! Ses pulsions ont pris toute la place dans leur intimité : il ne lui laisse pas d’espace pour faire surgir son désir. Il le précède, toujours. Elle n’a plus besoin de séduire, elle ne connaît plus la tension de l’attente, la sensualité est évacuée. L’érotisme a disparu. Le sexe perd alors tout son intérêt à ses yeux. Il est réduit à évacuer un appétit sexuel débordant, laissant derrière lui un goût amer. Chacun perd l’estime de soi et de l’autre : « J’ai l’impression qu’il me consomme comme on mange au fastfood. Ça me dégoute ! »
« Quand j’ai découvert qu’il consultait régulièrement des sites pornographiques, je me suis effondrée. En silence, évidement. Pour moi, ça voulait dire que je ne le satisfaisais pas ». C’est exactement la réaction classique d’une femme. Elle a l’impression d’être fautive et toute sorte d’idées lui passe par la tête : « Il ne me désire plus » ; « je suis trop grosse et vielle » ; « je ne suis pas assez sexy » ; « je ne suis pas son genre de femme », etc. Elle s’enferme à nouveau dans la culpabilité et perd confiance en elle. Pour la retrouver, elle va s’essayer ailleurs. D’abord en testant son pouvoir de séduction sur les hommes en général. Un jour, elle ira plus loin avec l’un d’eux. Et là, c’est la révélation ! Non seulement, elle est capable de plaire mais en plus, elle a du désir et du plaisir. Le problème ne vient donc pas d’elle !
Si seulement elle lui avait demandé la raison de sa consommation de pornographie, elle n’aurait certainement pas eu besoin d’en arriver là – et de blesser à son tour son ego. Par son attitude, la voilà qui renforce le cercle vicieux qui s’était installé au lieu de le désamorcer. Si elle savait comme son homme l’aime et la désire. Mais il utilise malgré lui le sexe pour évacuer des frustrations, des inquiétudes, du stress qui n’a rien à voir avec sa relation à elle. Le sexe remplit alors la même fonction que peuvent jouer l’alcool ou la drogue. Il est devenu pour lui un acte compulsif, créant une dépendance à la suite du désespoir qu’il engendre. Cette addiction a alors les mêmes conséquences désastreuses qu’on connaît sur la vie conjugale d’abord, la vie familiale ensuite et finalement sur la vie professionnelle.
Mais pour quoi donc les femmes se sentent-elle toujours la cause des problèmes ? Pourquoi les hommes sont-ils si prompts pour les banaliser ou accuser ? Pourquoi n’acceptent-elles pas que l’homme puisse avoir ses propres combats ? Pourquoi lui est-il si difficile de les reconnaître ? Parce qu’il leur faudrait visiter leur histoire et avoir le courage d’y faire face. Mais Dieu comme cette tâche nous semble si souvent insurmontable ! Chacun a son timing. Mon travail consiste aussi à l’accepter.
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Bon, les mecs, qu’est ce qu’on fait?