Après la Tate Modern à Londres, l’exposition “Henri Matisse: The Cut-Outs” prend place au MoMA jusqu’au 8 février. Cent découpages issus de collections privées et publiques du monde entier, accompagnés de croquis, livres illustrés, vitraux et textiles, rendent compte du travail monumental qu’a entrepris l’artiste à la fin de sa vie.
Répartis entre 1941 et 1954, année de son décès, les découpages de Matisse se déploient dans dix pièces. Au seuil de l’exposition, “The Barnes Mural” révèle les prémices d’un célèbre découpage du peintre, “La Danse”, à travers la recherche de l’abstraction dans les corps des danseurs et l’aplanissement de l’espace. “Jazz” – un des plus grands livres illustrés du XXème siècle – constitue son premier projet de découpage indépendant. Les épingles sont encore visibles dans “Icare” (1944), où Matisse ajoute à la sensation de voler l’ombre planante de la Seconde Guerre mondiale.
“Henri Matisse voit les murs comme une toile“, explique Jodi Hauptman, conservatrice de l’exposition. Une toile petite au départ, qui s’agrandit au fur et à mesure des années, pour finalement remplir une pièce entière. Si Matisse utilise un procédé a priori simple – en “découpant directement dans la couleur” avec des ciseaux -, ses compositions sont à la fois frappantes par le contraste des couleurs et l’économie des moyens. Le visiteur navigue entre abstraction et complexité dans la pièce “Océanie, le ciel, Océanie, la mer” (1946), et passe de l’intimité du studio de l’artiste à Vence (1947-1948) au monumental comme le découpage tout nouvellement restauré “La Piscine” (1952),
Une dichotomie permanente dontl’exposition rend très bien compte, sans jamais chercher à la résoudre. “Je pense que le travail de Matisse à la fin de sa vie est à la fois en rupture et en continuation avec ce qu’il a fait précédemment, explique Jodi Hauptman. S’il doit représenter un oiseau – comme dans la pièce “Le Perroquet et la Sirène” – il dessinera et découpera la forme d’une aile. Il réduit le sujet du tableau à l’essentiel, et en cela, a inventé une nouvelle forme d’art radical.”
Chaque pièce comporte des croquis et photographies qui permettent de saisir le travail “sophistiqué” de Matisse. “Il utilisait près de dix-sept nuances pour l’orange seulement !“, s’exclame le conservateur du MoMA, Karl Buchberg. Dans ses célèbres “Nus Bleus” (1952), le visiteur peut admirer le perfectionnisme de l’artiste, à travers la courbure des cuisses, obtenue grâce à l’addition subtile de petits bouts de papiers. “La période retenue dans l’exposition est très compressée, mais il était en pleine ébullition artistique“.
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