C’est l’histoire d’une relation improbable : celle du club de foot de Harlem avec son homologue du sud de la France, Toulouse. Les deux entités ont noué un partenariat destiné à développer le football, ou plutôt le soccer, dans cette partie nord de Manhattan. Avec un objectif en tête : permettre au FC Harlem d’intégrer à l’avenir la MLS, le championnat professionnel américain où évoluent de plus en plus de stars (Leo Messi, Hugo Lloris, Olivier Giroud…).
La mise en relation s’explique par la présence, au sein des deux clubs, de RedBird Capital Partners, une société d’investissement new-yorkaise qui a mis un pied, voire plus, dans le sport européen en devenant actionnaire majoritaire du Toulouse FC donc, mais aussi du Milan AC. Les premiers échanges entre les équipes techniques des deux clubs ont constitué en des visites des infrastructures. Un entraîneur et un joueur d’Harlem ont notamment passé un peu de temps, en 2021, dans le club de la Ville Rose. « Quand le joueur, qui avait une vingtaine d’années, est revenu, il m’a dit : c’est la meilleure expérience que j’ai jamais connue, confie Irvine Smalls, le directeur exécutif du FC Harlem. Il a vu la qualité des installations, l’organisation très sérieuse du foot en France, la diversité dans les équipes. »
Le FC Harlem cherchait alors un partenaire pour se développer. Le Toulouse FC, dispose d’un savoir-faire en matière de formation et s’est mis à le vendre aux quatre coins de la planète. Après la Chine (SPHQ Shenzhen), la Turquie (Samsunspor FC), c’est donc au tour des États-Unis d’être la cible du club violet. « Nous mettons toutes nos ressources techniques pour permettre de développer les jeunes joueurs et de former les coaches, explique Rémy Loret, le directeur du développement du TFC. On va aider le FC Harlem à développer et structurer le club, parce qu’ils partent pratiquement d’une page blanche. »
Aux États-Unis, le foot est relativement cher et n’offre pas vraiment de perspective de développement. Les enfants et ados le vivent davantage comme un sport loisir. Le FC Harlem, aidé de Toulouse, va ouvrir ses portes aux faibles revenus et entend montrer la voie vers l’ambition de devenir un jour professionnel en MLS ou ailleurs. « J’aime bien cette citation du film “Field of Dreams” où Kevin Costner entend une voix lui dire : si vous construisez, ils viendront (if you build it, they will come), confie Irvine Smalls. Quand ils verront qu’il y a une opportunité, les enfants viendront jouer chez nous. »
Pour l’heure, le club n’en est qu’à ses balbutiements. Le chemin vers la MLS sera encore long. Il passera par la MLS Next Pro, le championnat des espoirs et jeunes joueurs, que le FC Harlem ambitionne d’intégrer dans un futur proche. Puis par la MLS Next, sorte de troisième division du championnat pro. Il faudra aussi attirer de nombreux investisseurs, car les tickets d’entrée en MLS se chiffrent à plusieurs centaines de millions.
Harlem pariera sur son image, celle d’un quartier vibrant, connu dans le monde entier et qui regorge de talents. « Harlem est connu pour sa créativité, développe Irvine Smalls. C’est le cas en matière de musique, de fashion, de nourriture, et ce sera aussi le cas en matière de foot. On veut pratiquer un football offensif, spectaculaire. » Un style de jeu pour lequel Toulouse est particulièrement réputé. Une relation pas si improbable que cela en fin de compte.