Dans le New York Daily News cette semaine, Mike O’Brian ne manque pas d’évoquer ce qui est incontestablement devenu une «affaire Mitterrand» en France. Si le cas Polanski a secoué les colonnes des journaux américains, peu d’encre aura finalement coulé à propos du livre autobiographique La Mauvaise Vie du ministre de la culture. Même les dires de ce dernier -« l’Amérique que nous aimons (…) l’Amérique qui vient de nous montrer son vrai visage »- à propos de l’arrestation controversée de Polanski ne suffisent pas ici à indigner le quotidien.
Mais c’est pour la journaliste Tracy MacNicoll de Newsweek l’occasion de voir les limites de l’ouverture tactique d’un certain président de rupture : «Nicolas Sarkozy pensait faire un joli coup en attirant un homme de gauche dans son gouvernement. Il serait plutôt en train d’affaiblir toute sa stratégie politique ». Sa grande spécialité depuis le début de son mandat -écarter ou intégrer les hommes les plus menaçants de l’opposition (DSK, Jack Lang, Michel Rocard)- commence à lui coûter très cher. Le rendez-vous est donné en 2010 lors des élections régionales. L’occasion de savoir si ce scandale politique, et l’ouverture en général, auront rendu service au PS et au FN.
Décidément, les manières sarkoziennes ne sont pas du goût de
tous outre atlantique. L’arrivée presque confirmée du Prince Jean à tête d’EPAD (Etablissement Public d’Aménagement de la Défense), après que le Dauphin Patrick Devedjian ait été « catapulté », choque. Le Washington Post explique ce népotisme ambiant par une tendance finalement bien française, qui admet qu’un responsable politique puisse pratiquer plusieurs métiers. Et de rappeler au passage que Nicolas Sarkozy « compte parmi ses proches amis des magnats de l’industrie française et des directeurs des grands médias ». Alors pourquoi s’en étonner ?
Une autre consternation est à lire dans Time magazine cette semaine. Que fait le gouvernement pour protéger ses monuments historiques ? La guéguerre que mènent associations et autres défenseurs du patrimoine contre le projet de rénovation décidé par l’Emir du Qatar pour l’Hôtel Lambert dont il est propriétaire lance le débat. Ascenseurs, parking sous terrain, air conditionné… l’Emir veut investir 60millions de dollars pour « restaurer » sa demeure de l’Ile Saint Louis, au grand dam de Parisiens à l’esprit plus conservateur. Le Wall Street Journal l’aura compris, les murs de ce bijou du 17e siècle ont entendu Chopin composer et Voltaire roucouler avec sa maîtresse. Tout un symbole historique français bafoué par les désirs contemporains d’un Emir capricieux. Principale mise en cause dans cette histoire : Christine Albanel, l’ancienne ministre de la culture qui a donné son accord pour le projet en juin. Et plus globalement la politique culturelle de l’hexagone dont les intérêts nucléaires et d’énergies renouvelables se situent, coïncidence, au Qatar…
A lire aussi dans le New York Times, alors que la surpopulation carcérale des prisons fait l’actualité new yorkaise, un papier sur le dernier succès de Jacques Audiard, Un prophète sorti en septembre. L’occasion pour le journaliste Michael Kimmelman de regarder ce qu’il se passe ailleurs. En France, les gardiens ne portent pas d’arme et les pensionnaires pas d’uniforme. Alors que faire en cas de rébellion des prisonniers ? Les récentes grèves de matons partout en France témoignent de la complexité du problème. Et quand est-il de ce nouveau centre ouvert à Lyon pour désengorger les prisons françaises et notamment le monstre de Fleury Mérogis ? Prévu pour accueillir 500 prisonniers, il en compte déjà 850. En France le film s’est invité dans le débat politique et une nouvelle législation a été adoptée cet été, la première depuis la Seconde guerre mondiale. Rendez-vous en février 2010, date de sortie du film aux Etats-Unis, pour voir si «l’effet prophète » se vérifie aussi dans le pays de Prison Break.