C’était il y a quelques années. Matthieu Jost se réjouissait de passer un week-end à Barcelone avec son ami. Plages, terrasses et balades en amoureux. Un programme parfait, jusqu’à l’arrivée dans leur logement réservé via une plateforme bien connue. Quand la propriétaire leur a ouvert les portes, elle a été surprise et leur a demandé s’ils allaient dormir dans le même lit. Ils ont décidé de partir.
De cette expérience malheureuse et humiliante, Matthieu Jost, qui s’occupait de Misterten, un site de bons plans vacances pour la communauté gay, a eu l’idée de lancer une plateforme spécifique, un endroit où les homosexuels n’auraient pas besoin de faire un “coming out” à chaque réservation.
Lors d’une soirée networking à Paris, Matthieu Jost rencontre François de Landes. Ce dernier vient de vendre Sejourning, son site de réservation de vacances. “L’un avait une communauté, l’autre l’expérience de la plateforme de réservation“, résume François de Landes. Trois mois après leur rencontre, fin 2013, le projet “Misterb&b” était monté et le site testé auprès d’une population de 50.000 voyageurs. “Les retours ont été très bons, les gens nous disaient qu’ils n’attendaient que ça“.
“De notre côté, on savait que la cible des voyageurs gays était intéressante. Ils voyagent beaucoup, peuvent improviser. Et quand ils partent en vacances, ils peuvent aussi louer leur appartement“, explique François de Landes, aujourd’hui responsable de l’antenne américaine de Misterb&b.
Reste à trouver le financement pour concrétiser l’expérience, et là, “les choses se sont gâtées“, se souvient François de Landes. Les co-fondateurs contactent une quarantaine d’investisseurs, qui leur répondent par la négative. “Je crois qu’en France la communauté financière est encore très conservatrice. Nos interlocuteurs nous imaginaient en site de rencontre. Il y avait beaucoup de clichés“.
La solution ? Tenter sa chance aux Etats-Unis, ce qu’il font en 2015. “On a fait un pari et on a eu raison. On fait des rencontres très intéressantes à New York et à San Francisco“. Résultat: Misterb&b a reçu 5 millions de dollars d’investissements américains et finalise en ce moment une autre grosse levée de fonds. Le Français est également incubé à 500 Startups, l’un des plus gros accélérateurs de la Silicon Valley. Les Américains ont tout de suite compris le potentiel du tourisme dit LGBT, estimé à 200 milliards de dollars annuels de dépenses.
“On répertorie plus de 100.000 logements dans le monde, les utilisateurs sont satisfaits et vivent cette expérience dans un environnement bienveillant“. Sur la plateforme, dont l’interface est la même que celle d’Airbnb, les réservations apparaissent en temps réel en haut de l’écran: ‘Xavier vient de faire une réservation à Bordeaux’, ‘David vient de faire une réservation à Sunny Isles’. Le visuel et le discours sont destinés à une population homosexuelle, mais le site refuse d’être communautaire. “Quand on a connu la discrimination, il est évidemment hors de question de la faire vivre aux autres“, explique François De Landes. Le site se revendique donc hétéro-friendly. “On veut juste s’assurer que le genre, le sexe des hôtes ne soit pas un sujet“.
Le business model est le même qu’Airbnb. Misterb&b fonctionne sur les commissions: 16% sur chacune des transactions effectuées via le site. Misterb&b propose également des adresses gay friendly à proximité des logements loués, dont certaines sont sponsorisées par des annonceurs. “Le site est très participatif et la touche ‘contacter l’hôte’ est très utilisée car les voyageurs aiment se renseigner sur les quartiers, les habitudes“, explique François de Landes, qui précise que de plus en plus d’homosexuels originaires de pays dans lesquels ils sont persécutés ou forcés de se cacher, utilisent le site de voyage. Misterb&b est aujourd’hui présent sur tous les continents et propose des destinations bien loin des lieux gays de références. Pourtant, certaines villes restent plébiscitée comme Paris, New York, Los Angeles, Londres, Berlin et Barcelone. “Nous remarquons aussi que nos clients sont fidèles: ils voyagent en moyenne trois fois par an en passant par le site“.
La start-up franco-américaine qui compte déjà 25 salariés prévoit d’embaucher encore 15 personnes très prochainement. Les restrictions ou amendes qui touchent le géant Airbnb ne font pas peur aux deux Français. “Il n’y a pas d’agences, pas d’appartements dédiés à la location. Les hébergements proposés sont tous habités par les hôtes, ce qui est une des clés de notre succès“.
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