Six artéfacts militaires de l’époque napoléonienne seront mis aux enchères début décembre à Rock Island, dans l’Illinois. Composée de cinq armes à feu et d’une épée, la collection de feu Robert M. Lee est estimée valoir entre 1,5 et 3,5 millions de dollars.
Les quatre pistolets et la carabine n’ont, a priori, pas appartenu directement à Napoléon – mais pourraient avoir été commandés par l’Empereur pour offrir à ses officiers, ses alliés politiques ou à des dignitaires étrangers. L’épée et son fourreau sont en revanche bien passés dans ses mains : il les a reçus du Directoire de la République française en 1797, lorsqu’il était général, et les a portés lors du coup d’Etat du 18 brumaire 1799, après lequel il est devenu Premier Consul de la République.
« Une pièce remarquable »
Joel Kolander, responsable marketing à Rock Island Auction Company, explique qu’« après avoir été couronné en 1804, Napoléon a offert l’épée en question au général Jean-Andoche Junot. A sa mort, sa femme en a hérité. Elle s’en est séparée pour éponger des dettes en 1815 et l’a vendue à un commandant dont le nom reste inconnu ». L’année suivante, l’épée à double tranchant et son fourreau finement sculpté sont exposés à l’oplothèque de Londres, avant de passer par la demeure de Thomas Windus puis par l’armurerie royale. En 1833, le baron irlandais Robert Dillon en devient le nouveau propriétaire. L’épée reste dans sa famille pendant plus d’un siècle, puis est mise aux enchères par ses descendants, en 1976, chez Christie’s.
L’historien J. David Markham, auteur du livre « Napoléon pour les nuls » et lui-même collectionneur d’art napoléonien, explique qu’il n’assistera pas à la vente. D’abord parce qu’il « s’intéresse essentiellement aux objets d’arts décoratifs » (il est particulièrement fier de sa tabatière, que Napoléon aurait offert à son relieur, Cocatrix, à l’occasion du mariage de celui-ci) ; puis « en raison de la fourchette de prix de ces armes ». Il suivra toutefois les résultats avec intérêt. « L’épée est évidemment une pièce remarquable, et il y aura, en plus de ce lot, d’autres articles notables, notamment des mousquets », souligne-t-il.
Napoléon, un homme progressiste
Sa passion pour Bonaparte lui a été transmise par son père, qui lui racontait enfant « les exploits d’Alexandre le Grand, de Jules César et de Napoléon ». La popularité de l’Empereur aux Etats-Unis s’explique, selon lui, par le fait que « les Américains aiment l’idée d’un homme d’action », et que, « comme la plupart des Occidentaux, ils apprécient la grandeur de la cour impériale et du style néoclassique ».
En tant qu’historien, il insiste également sur le rôle joué par Napoléon dans la création de l’Europe moderne. « Il a institué des réformes progressives dans la banque, le commerce, les transports, l’éducation et la liberté religieuse sans précédent en Europe continentale. » Il rappelle enfin que « son frère aîné, Joseph Bonaparte, a émigré aux Etats-Unis après la chute de l’Empire ».
La vente aux enchères clôturera l’année de célébrations du bicentenaire de la mort de Napoléon. Si David Markham regrette que la pandémie de COVID-19 ait empêché la tenue de certaines manifestations, il indique que « de nombreux évènements ont malgré tout eu lieu : des cérémonies au Tombeau de Napoléon sur l’île de Sainte-Hélène, une exposition à la Vilette à Paris, une série de conférences co-organisées par la Société Historique Napoléonienne (dont il est président émérite, ndlr) et la Société Napoléonienne Internationale (dont il est président, ndlr) ».