Mardi après-midi, peu après 4pm. Gérald Barthélémy s’affaire dans les cuisines de son nouveau restaurant de West Village, Mino brasserie, commande une béarnaise à l’un de ses apprentis. Puis il s’assied quelques minutes sur une banquette avec son expresso bien serré. Sans aucun doute, le décor, l’ambiance et la carte sont une ode à la France dans cet établissement qui a ouvert ses portes sur la 12e Street, au coin de Greenwich Avenue. « Quand la pandémie a éclaté, je n’ai pas pu rentrer en France pendant longtemps et, ce qui me manquait le plus, c’était la brasserie parisienne ou lyonnaise, où on retrouve les plats typiques français qui nous font du bien. »
Mino est la troisième aventure du duo Gérald Barthélémy et Yohann Pécheux. Ils ont ouvert ensemble le restaurant-bar à vins Saint-Tropez dans West Village fin 2017, puis une deuxième adresse à Soho début 2019, accompagnés de deux associés français. L’éclatement de la pandémie a bien sûr été une source de stress et d’inconnu pour les deux entrepreneurs. « Nous avons fermé jusqu’à fin juin, mais nous avons été beaucoup soutenus par l’État de New York et au niveau fédéral, le PPP nous a aidés à garder nos employés et à survivre », raconte Gérald Barthélémy.
La plus grosse complication a finalement été de construire les terrasses à partir de l’été 2020, tant la mairie a changé de critères sur la taille de ces emplacements. Mais cette période de remise en question a aussi permis aux entrepreneurs de revenir sur leur compte de résultat, et de dresser des constats. « Nous avons décidé de ne plus ouvrir au déjeuner car ce n’était plus rentable. Nous avons optimisé notre activité et le trafic est rapidement revenu dans les restaurants et à emporter, ce qui nous a permis de réfléchir à la suite. »
Le duo envisage de lancer un nouvel établissement mais n’a pas envie d’ouvrir un troisième Saint-Tropez. D’où l’idée d’un bistro français plus axé sur les classiques de la cuisine hexagonale. L’idée mûrit et, quand l’État de New York donne son feu vert à une capacité de 100 % des restaurants au printemps 2021, ils décident de se lancer. « Nous avons trouvé un espace dans West Village, à 200 mètres du premier St-Tropez, dans un quartier que l’on connaît bien et que l’on adore. C’était un vieux diner situé sur un corner, cet endroit avait une vraie âme », s’enthousiasme Gérald Barthélémy.
Mino fait référence au mot « minot », un gamin, un enfant dans le langage courant provençal, et un clin d’œil à l’actualité récente des deux entrepreneurs qui sont devenus papas à deux mois d’écart pendant la pandémie. « Nous sommes quatre associés et avons tous des enfants, on a mis leurs photos à l’entrée ». L’intérieur tient quant à lui de la brasserie typique française, avec un bar en zinc, de grands miroirs, mais aussi des photos de chefs français que le duo admire. Paul Bocuse, Thierry Marx, Joël Robuchon… les grands noms de la gastronomie française sont tous là.
Pour Gérald Barthélémy, ce restaurant est aussi l’opportunité de reconnecter avec son passé de chef. « J’ai repris la cuisine de mon apprentissage, lorsque j’étais à l’hôtel Vernet-Elysée. C’est un plaisir de retrouver cette cuisine traditionnelle ». À la carte, l’œuf mayonnaise, l’incontournable entrecôte-frites et sa sauce béarnaise maison, le tartare de bœuf au couteau, le saumon à l’oseille ou encore le dos de cabillaud et sa ratatouille. Sans oublier des desserts gourmands comme la tarte au citron meringuée, le Paris Brest ou encore les profiteroles au chocolat. Une vraie réminiscence de la cuisine maison pour les Français qui n’auront pas la chance de quitter New York cet été.