Dans les bureaux à deux pas de la New York Public Library, beaucoup de cartons posés çà et là. Miliboo s’est installé à l’automne dernier, mais le temps a manqué pour s’occuper de la décoration. Les étagères, les chaises et le petit salon pour accueillir les clients sont, eux, impeccables: il s’agit de meubles “maison” évidemment.
L’aventure Miliboo a commencé très loin de Manhattan, il y a 10 ans, à Chavanod, un petit village de Haute-Savoie. Guillaume Lachenal et sa femme Aline Buscemi décident de se lancer dans la vente de meubles sur internet, avec une idée bien précise pour se différencier de la concurrence : “On dessine nos meubles, on les fabrique, on les stocke et on les vend. Ce qui nous permet de maîtriser la chaîne et de se passer de beaucoup d’intermédiaires“, explique le PDG, qui emploie une cinquantaine de personnes en Haute-Savoie, trois à Paris.
Pour percer aux Etats-Unis, Miliboo compte beaucoup sur sa dernière innovation: Ekko, un miroir intelligent. Présenté au CES de Las Vegas, Ekko a fait sensation et les commandes pleuvent, avant même la commercialisation prévue à partir du printemps en France et de l’été aux Etats-Unis.
Fini le téléphone portable en mode radio dans la salle de bain le matin, Ekko est non seulement un joli miroir mais aussi un objet connecté. “On a intégré un dispositif d’affichage dans le reflet du miroir“, explique Guillaume Lachenal. Le miroir relié à internet, permet d’utiliser toutes les fonctionnalités d’un smartphone ou d’une tablette: il peut donner la météo, afficher un profil Facebook, suivre un tuto maquillage ou se connecter à Spotify.
Pour ça, pas besoin de cliquer avec ses doigts plein de savon. Des capteurs disposés sur les côtés servent de télécommande. “C’était un challenge parce qu’on voulait un objet beau et surtout accessible, or il y a un paquet impressionnant de technologie à l’intérieur“, reconnaît Guillaume Lachenal qui annonce un prix de vente à 399 dollars. Avec son miroir intelligent, Miliboo se différencie de ses concurrents classiques. “Notre mode de vie évolue et les objets de notre quotidien doivent évoluer avec lui“, selon Guillaume Lachenal, qui avoue avoir toujours eu un penchant pour la tech.
La patron de Miliboo a été impressionné par la puissance du CES de Las Vegas, où son stand a été pris d’assaut. Il est d’ailleurs reparti de la grand-messe avec un “CES Innovation Award”.
Pourtant, reconnaît-il, pour s’implanter aux Etats-Unis, il faut arriver armé. “La concurrence en ligne est très importante, les prix sont cassés et le rôle du service client est bien plus important qu’en France. Ici, les clients peuvent commander plusieurs meubles et les renvoyer sans frais, sans aucune raison. Ce ne sont pas du tout les mêmes habitudes de consommation“.
Bien avant le miroir intelligent, Miliboo s’est fait connaitre pour ses meubles abordables au design épuré et aux influences scandinaves. Très vite populaire en France, la start-up a pu lever des fonds en 2011 et 2013 pour investir 6, 5 millions d’euros dans la croissance de l’entreprise et l’élargissement au marché européen.
Fin 2015, Miliboo opte pour une autre stratégie et se lance dans l’introduction en bourse. “C’est une opération qui a très bien fonctionné, précise Guillaume Lachenal. Ça nous a donné de la notoriété et on a gagné en autonomie“. A l’époque, l’idée de tenter l’expérience américaine trottait déjà dans la tête des co-fondateurs.
Pari tenu: depuis septembre dernier, Miliboo Corp est installé à New York, et dispose d’un entrepôt à Atlanta. “Pour le moment, c’est un petit investissement pour mesurer l’appétence du marché“, explique Guillaume Lachenal.
L’entreprise a déjà passé des accords de distribution avec des plateformes de vente incontournables: Amazon, Etsy et Hayneedle. Les meubles sont les mêmes qu’en Europe et n’ont subi aucune transformation pour le marché américain: “Nos produits sont originaux, on ne les trouve nulle part ailleurs“, précise Guillaume Lachenal qui admet que ses meubles “sont conçus pour des espaces où la surface est rare et chère, ce qui correspond plus au mode de vie des grandes villes“.