Sur un podium dressé au pied des palmiers, face à l’océan Pacifique, des dizaines de chefs californiens ont arboré fièrement, lundi 3 juin, leur nouvelle veste ornée d’un écusson Michelin. Au total, 90 restaurants du Golden State se sont vus auréolés d’une, deux, voire trois étoiles, à l’occasion de la sortie officielle du tout premier guide californien de la célèbre marque au Bibendum.
Alors que depuis dix ans San Francisco était la seule ville du Golden Gate représentée au sein de la collection des guides Michelin, l’entreprise française a annoncé il y a tout juste deux mois la création d’un nouveau guide californien regroupant la baie de San Francisco, Sacramento, Los Angeles, San Diego et Santa Barbara. Une première aux Etats-Unis encouragée par un généreux don de 600.000 dollars offert par l’office de tourisme de Californie Visit California.
Parmi les heureux élus de ce premier guide californien 2019 : les Français Dominique Crenn à San Francisco (qui conserve ses trois étoiles) et Ludo Lefebvre à L.A (qui en remporte une pour “Trois Mec”), Carlos Salgado, chef de Taco Maria dans l’Orange County, qui fait entrer la cuisine chicano angelena au Michelin (une étoile) ou encore Niki Nakayama (n/naka), l’une des étoiles montantes de la cuisine japonaise contemporaine à Los Angeles (deux étoiles). “Lorsque nous avons ouvert notre restaurant il y a huit ans, nous n’avions qu’un seul rêve : obtenir un jour trois étoiles au guide Michelin !” confesse cette dernière. “C’est une référence très importante pour de nombreux chefs américains. Le guide Michelin incarne une certaine vision de la cuisine qui nous est chère : l’attention aux détails, le fait de prendre soin de ses invités et le désir constant de s’améliorer”.
“Los Angeles, rendez-vous dans cinq ans !”
Le guide Michelin n’a pas choisi la région de L.A et ses mythiques plages de palmiers par hasard pour lancer sa nouvelle édition californienne. La ville entretient depuis dix ans une histoire compliquée avec le prestigieux guide qui avait dédié une édition à la Cité des Anges en 2008 et 2009, avant de la suspendre en 2010, sur fond de crise financière. A l’époque, le directeur du guide, Jean-Luc Naret, avait justifié cette décision en expliquant à la presse que les Angelenos n’étaient “pas de vrais de foodies”. Mortellement offensés, certains chefs et critiques gastronomiques accusent depuis le guide Michelin de snobisme.
Le lancement du nouveau guide 2019, lundi, à Huntington Beach, sonne donc comme une tentative de réconciliation, même si le prestigieux guide a une nouvelle fois intégralement réservé ses trois étoiles à sept restaurants de la baie de San Francisco (“Atelier Crenn”, “Benu”, “The French Laundry”, “Manresa”, “Quince”, “The Restaurant at Meadowood”, “SingleThread”), boudant Los Angeles, comme en 2008 et 2009.
“Certes, on ne trouve pas encore de trois étoiles à L.A, mais la ville, à mon avis, a un vrai potentiel ! Los Angeles a reçu une pluie de récompenses à une et deux étoiles (24 au total), ce qui est rare et très prometteur” tempère Gwendal Poullenec, directeur international des Guides Michelin. “Aujourd’hui, même si San Francisco et sa région continuent de tirer la Californie vers le haut, on constate une vraie dynamique dans le reste de l’Etat … D’autant que le guide à un effet de catalyseur : à San Francisco, depuis les débuts du guide en 2007, on est passé d’un restaurant trois étoiles à sept aujourd’hui” rappelle-t-il. “Je donne donc rendez-vous à Los Angeles dans cinq ans”.
Le palmarès complet: