Une oeuvre de Michel Ocelot, auteur et réalisateur français de films d’animation, est toujours une plongée dans un monde de couleurs, de rencontres et de découvertes.
Depuis vingt ans, il met en scène des contes qui sont autant d’invitations au voyage aux quatre coins du monde : en Afrique noire (“Kirikou et la Sorcière”, dont le succès retentissant a lancé sa carrière), au Tibet, dans les Antilles ou encore au coeur d’une civilisation aztèque (“Les Contes de la nuit”), au Japon et en Egypte (“Princes et princesses”) pour ne citer qu’eux.
Dans “Dilili à Paris”, son dernier long métrage qui sortira aux Etats-Unis au printemps 2019, c’est pour une fois en France, dans un Paris de la Belle Epoque aussi somptueux que sombre, que le facétieux réalisateur nous transporte. À cette occasion, il sera l’invité d’honneur du rendez-vous du film d’animation Animation First Festival, du 25 au 27 janvier au FIAF, pour une rétrospective de sa carrière.
“Le sujet de ‘Dilili à Paris’, c’est la lutte contre les hommes qui font du mal aux femmes et aux filles”, raconte Michel Ocelot, 75 ans. A travers une fascinante aventure menée tambour battant par Dilili, petite fille kanake, et ses amis, on s’engouffre dans les rues et salons parisiens truffés de génies et d’artistes de renom – Sarah Bernhardt, Auguste Rodin, Camille Claudel, Picasso, etc. – à la recherche de fillettes ayant été kidnappées.
Une façon de mettre en lumière les violences faites aux femmes partout dans le monde. “Je montre des hommes qui humilient des femmes, explique l’auteur. C’est un sujet épouvantable et très sérieux dont il faut s’occuper et dont on ne s’occupe pas. Il y a plus de morts en femmes tuées ordinairement que dans les guerres.”
“Une ode à la civilisation”
Malgré la gravité du propos, “Dilili à Paris” reste un conte de fée et Michel Ocelot pointe le problème en même temps qu’il nous tend le remède. “Mon film est une ode à la civilisation car c’est l’antidote à ces horreurs. Et je dis aux petites filles: ne vous laissez pas faire.”
Chez Michel Ocelot, les enfants sont en effet déterminés et combatifs. À l’image de Dilili, de la jeune princesse Chamsous Sabah dans le film “Azur et Asmar” qui brille par sa sagesse et son assurance. Ou encore, bien sûr, de Kirikou, petit garçon qui, sitôt sorti du ventre de sa mère, entreprend de résoudre les problèmes de son village.
“Mettre en scène un enfant qui prend les choses en main et qui y arrive sans avoir un pouvoir particulier, cela touche les gens”, dit Michel Ocelot, pour qui le conte est comme un “cheval de Troie”. “Les adultes ne se méfient pas et je les fais pleurer. Les enfants, eux, comprennent tout, même ce qui est compliqué.”
Gourmandise
Cet insatiable curieux porte surtout un message simple : l’amour de la diversité. “Je vais dans de très nombreux pays et je n’imaginerais pas me limiter à un seul dans mon travail”, dit-il. Son prochain projet, “La princesse des roses et le prince des beignets”, se déroulera à Istanbul au XVIIIè siècle.
“Je suis intéressé par tout, j’aime que cela soit varié, je veux manger de tout, explique-t-il, en somme je suis gourmand”. Michel Ocelot prend d’ailleurs le pari que sa gourmandise est contagieuse : “L’enfant assimile ce qu’on lui présente. Si on lui propose des choses riches et diverses, cela deviendra sa nourriture normale.”