Adepte de la méditation, Michel Lestrade n’est pas du genre à s’énerver. Toutefois, cet artiste peintre originaire du Havre ne masque pas son agacement quant au fonctionnement du marché des arts de Santa Barbara, au sein duquel il expose ses toiles chaque dimanche depuis 20 ans. «La législation mise en place par la mairie, via son service Parks & Recreation, nous empêche de vendre des reproductions de nos œuvres, explique le Normand. Pour avoir le droit d’exposer sur ce marché, il ne faut vendre que des œuvres originales. J’estime que cette législation, qui date des années 60, n’est plus adaptée à notre époque, qui est celle du numérique, et qu’elle ne permet pas un traitement équitable des artistes.»
Selon Michel Lestrade, il est en effet anormal que des photographes puissent, par exemple, prendre des clichés des monuments de la ville et les reproduire à l’infini pour les proposer à la vente, alors que les peintres doivent se limiter à des toiles uniques. Il a commencé à interpeller la mairie sur le sujet il y a « six-sept ans », mais celle-ci a « fait la sourde oreille » dit-il. Il a alors lancé une pétition pour faire changer le système, car « les peintres trouvaient la situation anormale, mais ne faisaient rien pour la changer ». « Les Américains sont des enfants gâtés qui ont perdu le goût de se battre. Il fallait montrer leur montrer la voie et, depuis, plusieurs d’entre eux m’ont rejoint.»
Pour tenter d’accélérer l’évolution de la législation, le Français a même fait intervenir son avocat et martèle des arguments qui font mouche auprès des artistes et des amateurs d’art : «Cette situation est discriminatoire et viole le 14eamendement de la Constitution. Elle empêche par ailleurs les peintres de vivre de leur travail et décourage même certains de renouveler leur permis d’exposer. Cela nous freine également dans notre création, tout en faisant baisser la qualité de ce marché, car les artistes s’en vont peu à peu. C’est une mauvaise image pour la ville, ainsi qu’un coup dur à l’économie locale.»
La municipalité ne semble pourtant pas décidée à modifier le fonctionnement du marché. Et Michel Lestrade dénonce par ailleurs des tentatives d’intimidation pour l’empêcher d’exposer et l’expulser : «On essaye de me donner des amendes pour tout et n’importe quoi. Des contrôles ont même lieu lorsque je suis avec des clients, afin de me faire manquer des ventes. Bref, on essaye de me faire céder et d’arrêter ma pétition. Mais j’estime que mon combat est légitime et que les peintres sont dans leur droit en réclamant le même traitement que les photographes. Tout le monde aurait à y gagner car la mairie pourrait ainsi dégager plus de bénéfices, plutôt que de perdre son temps à effectuer des contrôles qui pourrissent l’atmosphère.»
Pour l’heure, les deux parties continuent à camper sur leur position. Cependant, l’artiste havrais est persuadé qu’il obtiendra gain de cause, grâce au nombre grandissant de peintres qui le rejoignent et aux signatures qui se multiplient sur sa pétition. Mais de son propre aveu, «la situation devrait encore perdurer quelques mois, voire même
quelques années.»
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Je pensais que les américains étaient moins procéduriers que les français,encore un mythe qui tombe…
Je pensais que les américains étaient moins procéduriers que les français,encore un mythe qui tombe…